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lundi 29 novembre 2010

The Residents


Cette chronique (va être/est/a été) très difficile à écrire, et ce pour deux raisons. La première, c'est que la musique des Residents est passée par tant de sonorités et d'expérimentations différentes qu'il est dur de la décrire autrement que par l'expression "fuckin' weird, dude", et sans sombrer non plus dans l'accumulation de qualificatifs ou le listing long et stérile d'influences et de directions artistiques. La seconde, c'est que je ne fais pas partie des (environ) quarante personnes sur Terre pouvant se targuer d'avoir écouté chaque album des Residents au moins une fois.

Que je vous explique : le groupe connu sous le nom de The Residents représente pas moins de trente albums sortis depuis 1972 (le dernier en date est sorti en 2008), la plupart d'entre eux pressés à quelques centaines d'exemplaires sur un petit label allemand, et chacun de ces putains d'albums est différent des autres. Il y a sans nul doute un dénominateur commun, une façon de vouloir distordre les sons, jouer avec les ambiances, créer une musique qui ressemble à un manque de respect total envers la définition que d'autres ont déjà donné au mot "musique" -- une pincée de dissonance par ci, une boîte à musique un peu glauque par là, des bruits déformés à grands coups de "prends ça dans ta gueule sale lecteur de cassettes maudit !", une sévère dose d'humour noir, des relents de traumatismes de l'enfance...

Difficile d'être plus précis que ça, car chaque album, comme je l'aide déjà dit, n'a pas grand-chose à voir avec les autres. Pour ne parler que de quelques albums que j'ai adorés :

- "The Third Reich'n'Roll" (1976) se compose de deux pistes d'une bonne vingtaine de minutes chacune, "Swastikas on Parade" et "Hitler Was a Vegetarian", qui sont des sortes de mégamix torturés de chansons rock populaires de l'époque (on en reconnaît encore une bonne partie : "Let's Twist Again" de Chubby Checker, "A Horse with No Name" d'America, "In-A-Gadda-Da-Vida" d'Iron Butterfly, "Light My Fire" des Doors...), réenregistrés, déformés, réincarnés par la voix douce-amère du chanteur ;

"Satisfaction". Ca change de celle des Rolling Stones.

- "Eskimo" (1979) ressemble à un hymne froid à la vie des Inuits, rempli de sonorités d'outre-monde et de chants sacrificiels obscurs, ce qui est encore plus déstabilisant quand on sait que ces chants sont en fait des extraits déformés de publicités pour des grandes marques occidentales ;

- "The Commercial Album" (1980) est un enchaînement de chansons de la même durée, à savoir une minute et trois secondes, qui sont des sortes de condensés de ce que The Residents sont capables de faire : ambiances post-hippie, paroles décalées, humour au cent-vingtième degré, ambiances glauques sans-avoir-l'air-d'y-toucher... (Cet album a donné naissance en 2004 au "Commercial DVD", qui regroupe des clips pour ces chansons, aussi surréalistes, ubuesques, art-moderniques et déjantés les uns que les autres.)

Quelques titres tirés du "Commercial DVD". D'autres sont trouvables sur le Net en cherchant "Residents One-Minute Movies" ou "Residents Commercial DVD".

Un petit mot aussi sur leur identité visuelle : les Residents se sont très longtemps présentés masqués, en costume, chapeau haut-de-forme... et avec un oeil à la place de la tête. Oui, juste un oeil surmonté d'une haut-de-forme, avec un corps bien habillé en-dessous. Leurs identités véritables ? Aucune idée. Pas une apparition sans masque, pas une interview (leur équipe de management, The Cryptic Corporation, s'en chargeant à leur place). Quelques pistes par-ci par-là, toutes moins crédibles les unes que les autres, et un mutisme absolu de leurs divers collaborateurs musicaux et visuels.

Le plus intéressant, c'est peut-être la façon dont The Residents se décrivent eux-mêmes, et qui recolle pas mal avec leur volonté de ne pas avoir d'identités humaines "classiques" :


The Residents see a jar.
Sitting by the door.


Empty and full of possibilities.

They fill the jar with dirt and water.
The jar is no longer empty.
A new project is born.

The dried mud shape resembles the jar.
But it is not the jar.
It is a dried mud shape.

The Residents try again to define the jar with dirt and water.
It will not be the jar. 
It will not be The Residents.

The dried mud shapes stack up.
Slowly forming a house.
Mud bricks define a void.

We sit in the void
and imagine the jar.
That is The Residents.


Ca donne envie d'y jeter une oreille, non ?



Site officiel : www.residents.com

2 commentaires:

kosmo a dit…

Je pense qu'aux Residents, il faut quand même ajouter le nom de feu Snakefinger. Ils ont souvent travaillé ensemble.

Modern Zeuhl a dit…

Le quatrième Resident et demi ^^ (En fait, pour coller aux Residents, je devrais faire mon smiley avec un seul oeil ^)

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