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samedi 29 janvier 2011

Flying Lotus


Cela fait déjà plusieurs fois que son nom d'artiste apparaît sur ces pages, aussi les lecteurs les plus attentifs doivent-ils se douter que j'affectionne tout particulièrement Flying Lotus. Ce petit génie de 27 ans a été accueilli au sein du glorieux label Warp Records (maison-mère d'Aphex Twin et Autechre notamment) il y a quelques années, et grand bien leur a pris : huit EPs et trois albums en à peine plus de quatre ans, et je rebondis sur l'actualité puisque son petit dernier "Cosmogramma" a été élu album de l'année lors des Worldwide Awards organisés par la prestigieuse et éclectique station anglaise Radio 1 (détenue par la BBC, elle est la deuxième station publique la plus écoutée en Angleterre, et on lui doit, en plus du mix d'Excision par lequel je vous recommandais d'aborder son oeuvre, les fameuses Peel Sessions qui ont accueilli des centaines d'artistes, de PJ Harvey à Joy Division en passant par... oh tiens, Aphex Twin et Autechre, mais également Carcass, Napalm Death, pour au final ne citer que des artistes parmi ceux qui en ont fait des albums vendus dans le commerce).



Toutes ces raisons, et encore bien d'autres, de pleurer ou de cracher sur l'indigence radiophonique dont témoigne la sacro-sainte "exception culturelle française".

Ce jeune producer et DJ anglais a, depuis son premier album "1983" (sorti en 2006), un style inédit et inimitable. Construit sur des bases rythmiques empruntées majoritairement au hip-hop, les faisant dériver du côté de l'IDM, intégrant des lignes mélodiques qui semblent tirées autant du krautrock (je pense aux longues envolées psychédéliques d'Amon Düül, de Klaus Schultz ou encore du grandiose groupe Tangerine Dream) que du jazz ou de la soul, l'univers musical de Flying Lotus, de son vrai nom Steven Ellison, est tellement complet, élaboré, cultivé, qu'il semblerait difficile de ne pas s'y noyer. Pourtant, avec un savoir-faire éclairé, le producer parvient à contourner le piège du fouillis artistique.

"Kill your Co-Workers", tirée de l'EP "Pattern+Grid World" (2010). Pas la meilleure track de Flying Lotus, mais le clip est tout simplement fou.

La musique de Flying Lotus se veut clairement envolée, spatiale. Par sa richesse, sa mélodie, ses sonorités, elle dérobe et invite au voyage. L'usage répété de décalages rythmiques, la multiplication des sons, à gauche, à droite, tout autour : tout là-dedans semble conçu pour créer un véritable psychotrope auditif, une construction artistique alambiquée et savante dont la résultante auditive est paradoxalement relaxante. Une telle richesse, si prenante, si véritablement enivrante, est tout simplement incroyable. Et le troisième et dernier album en date de ce jeune artiste, "Cosmogramma", est extraordinaire, parfait du début à la fin.

"Beginners Falafel", sur le deuxième album "Los Angeles". IDM mid-tempo/hip-hop expérimental ? Comment accoler une étiquette à un tel délire artistique ?

Autant il m'a été possible, bien que difficile, de me contraindre à une certaine neutralité de ton sur bon nombre des chroniques qui figurent sur ce site, autant je ne puis m'y résoudre pour Flying Lotus. Tout y est magique : l'ambiance extrême-orientale/lounge psychédélique de "Unexpected Delight" (sur "1983"),  le hip-hop décalé de la track "1983", les envolées pioupioutantes mid-tempo de "Beginners Falafel" (sur "Los Angeles"), la basse enfumée et les piaillements électroniques de "Pickled!" (sur "Cosmogramma"), la mélodie bloque-cerveau de "Nose Art" ("Cosmogramma" itou), l'expérimentation jazz/zeuhl sur "Arkestry", dont les vingt dernières secondes ressemblent sévèrement à du Magma, pour le compte ("Cosmogramma" toujours...)

"Nose Art", sur "Cosmogramma". Je vous avais prévenus.

Arf, à quoi bon vouloir citer des exemples à la chaîne ? Il n'y a rien à jeter. Rien du tout. Et les artistes à propos desquels on peut dire cette phrase sincèrement sont extrêmement rares.





Un article de fin 2010 du L.A. Weekly nommé "Top 5 reasons why Flying Lotus' "Cosmogramma" is the best L.A. album of the year" :

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