Suivez Modern Zeuhl

Modern Zeuhl est surtout sur Facebook.

lundi 22 août 2011

Interview Syco (Audiotrauma)


Quelques semaines avant la cinquième édition du Noxious Art Festival, sans doute l'évènement industriel le plus alléchant de l'année, Syco Trauma, président du label Audiotrauma qui organise cette petite sauterie de trois jours, a accepté de répondre à mes questions, dans un état d'esprit, disons... Disons que les mots de Syco parlent d'eux-mêmes.




Bonjour Syco Trauma, et merci d'avoir bien voulu répondre à mes questions. Pour commencer, peux-tu me présenter Audiotrauma et le(s) rôle(s) que tu y joues ?

Salut à toi. Audiotrauma est un label, une organisation de concerts et avant tout un collectif d'artistes de la scène elektro-alternative, originaire de Strasbourg. Le collectif existe depuis 2002. Après une centaine de soirées organisées et 25 sorties (CDs ou digitales), nous nous apprêtons à fêter les 10 ans du crew en 2012.

Quant à moi, je suis un des membres fondateurs d'Audiotrauma et son président depuis sa création. Je participe artistiquement à la vie du label par l'intermédiaire de mes deux projets que sont Chrysalide et Republik Of Screens, et je suis le régisseur général du Noxious Art Fest que nous organisons depuis 2004 (malgré une absence de quelques années). Si je suis le garant de la direction artistique du label, je dois rappeler que sans Arco, Amnesy, KL ou Yves, mon travail n'aurait pas autant d'impact. Comme je le disais plus haut, il s'agit d'un collectif !




Les sorties sur le label sont de très bonne qualité (d'ailleurs, j'ai déjà parlé du Diktat en ces pages, dont le deuxième album "Unabomber" est un petit bijou, et il est probable que d'autres suivent), mais pourquoi se font-elles aussi rares ?

Le contexte socio-économique est devenu très difficile pour les petits labels, comme pour les gros d'ailleurs. Il s'agit d'un vrai combat de tous les jours. Il est d'autant plus difficile d'imposer un mouvement alternatif dans un pays comme la France qui ne laisse que très peu de place aux cultures émergentes. Donc nous nous battons avec nos armes pour survivre.

A cela, nous pouvons aussi ajouter les contextes personnels des membres du collectif. Entre les familles naissantes, les activités professionnelles, et nos situations géographiques qui nous éloignent les uns des autres, il est difficile de maintenir le cap. Mais il reste un noyau dur d'activistes au sein d'Audiotrauma qui ne veulent pas lâcher et souhaitent, coûte que coûte, continuer le combat !

NOUS N'AVONS PAS D'AUTRE CHOIX QUE LA RÉSISTANCE. C'EST AGIR OU DISPARAÎTRE !



Dans quelques semaines se déroulera la cinquième édition du Noxious Art Festival ; comment est née l'idée de ce festival ?

En 2004, cela faisait deux ans que nous activions dans la scène strasbourgeoise pour proposer une alternative électronique au public. A cette époque, nos soirées drainaient beaucoup de monde. Il nous a semblé logique d'organiser un gros rassemblement, pour l'aspect fédérateur de celui-ci. Le rite social est important dans une communauté ; et étant tous des aficionados des festivals elektro-indus allemands et belges, il nous semblait évident d'essayer d'instaurer, nous aussi, un événement international d'envergure dans l'Hexagone.

Etant pour la plupart, dans le collectif, originaires de Vesoul, nous avions repéré ce qui n'était, à l'époque, qu'une petite salle pas très équipée, le Moulin de Pontcey. Et de fil en aiguille, nous nous sommes lancés dans l'aventure.



Comment avez-vous fait, sans non plus me révéler vos petits secrets, pour amener autant d'artistes dès la première édition ? (La crème du label Ant-Zen : Axiome, Imminent, Iszoloscope, Morgenstern, Synapscape… La crème du label Hands : Mono No Aware, Proyecto Mirage, Winterkälte… sans oublier Empusae, Muckrackers, Punish Yourself, Sonar, et tout un tas d'autres !)

Nous voulions taper fort, et réunir le plus d'acteurs de la scène noise-indus européenne possible. Il n'a pas été difficile de les motiver, car la plupart sont de bons amis. Il y a un aspect familial dans cette scène qui facilite les relations entre labels, projets et orgas. La quasi-totalité des projets soutiennent notre initiative et beaucoup on fait des efforts pour nous aider à rendre tout ça réalisable.


A en croire la programmation des différentes années, il semblerait que la deuxième édition ait été la plus grosse, et qu'ensuite le lineup, toujours de qualité, s'est néanmoins réduit. Pourquoi cet état de fait ?

D'un point de vue artistique, les deux premières éditions étaient monstrueuses. Trop, justement. Nous avions eu les yeux plus gros que le ventre et ça a été dur à tous les niveaux... D'un point de vue organisationnel mais surtout financier. nous avons dû faire face à de gros déficits après les deux premières éditions. C'est ce qui explique que nous avons fait une pause entre 2005 et 2009, et que nous sommes plus prudents aujourd'hui. Cela ne nous empêche pas d'ambitionner de refaire des gros lineup dans le futur si nous en avons les moyens. Il fallait choisir, réduire nos ambitions et budgets ou disparaître.

Un suicide auriculaire ET financier.


N'est-ce pas une sorte de lutte pour réussir à amener chaque année autant de bons artistes ?

La vraie difficulté se résume à l'aspect budgétaire de la chose. La plupart des artistes sont contents de venir jouer au Noxious Art Festival, surtout les étrangers qui n'ont pas souvent l'occasion de venir se produire devant le public francais. Notre pays est à la traine de ce point de vue-là. Il n'y a pas beaucoup de place pour les courants artistiques déviants.


Il y a une certaine distance musicale entre, par exemple, l'électro-punk de Punish Yourself, le breakcore d'Igorrr et l'indus rythmique d'Imminent (tous trois à l'affiche du Noxious 2010) ; comment sont choisis les groupes programmés ? Est-ce que le critère "bruit" est le seul dénominateur commun ?

Si, dans la forme, il est évident que les groupes cités ci-dessus n'ont pas trop de points communs, dans le fond ils se retrouvent plus facilement.

Nous ne voulons pas nous cantonner à un style bien précis, mais bien promouvoir les différentes obédiences de la scène. Nous essayons de réaliser un crossover, et de nous éloigner de cette manie française de classer et mettre des étiquettes sur des projets qui ont bien souvent plus de points communs qu'on ne le pense.

Nous avons aussi, souvent des affinités, comme je le disais plus haut, avec la plupart des projets.

"Bien sûr que si, c'est de la musique. Pffff, retourne écouter Kyo, puisque tu le prends comme ça. Je te quitte."


Parle-moi un peu du Moulin dans lequel le Noxious a lieu cette année ; il semble plus habitué au rock, à la chanson française, au reggae… Y a-t-il eu des réticences quant à l'organisation en ce lieu d'un festival de bruit ?

Absolument aucune réticence ! En fait, entre Audiotrauma et le Moulin de Pontcey, il s'agit d'une histoire d'amour qui dure depuis 2004.

Les deux premiers festivals ont contribué à développer le lieu comme salle de musiques actuelles (et restent, à ce jour, les deux plus gros événements organisés en ces lieux.

Nous entretenons donc un rapport privilégié avec l'équipe du Moulin, même si ce n'est plus la même qu'en 2004 et 2005. D'ailleurs, le Moulin garde encore les séquelles de notre passage avec plusieurs graffs "Noxious Art" sur ses murs.


Si je te dis que l'affiche du festival de cette année est tout simplement énorme, tu me réponds quoi ?

Je suis assez d'accord... mais je te dirai "attends de voir celle de l'année prochaine".

Nous fêterons les dix ans du label et nous prévoyons (si pas de catastrophe cette année) de faire quelque chose de GRAND.

Je vous conseille fortement cette année : Igorrr, Nao et Aniaetleprogrammeur.

Respectivement vendredi, vendredi et dimanche. Samedi, vous pourrez toujours aller mater la télé. (Ah non, en fait, non.)


Combien de participants attendez-vous pour cette édition ?

On espère avoir entre 300 et 400 personnes par jour.


Qu'est-ce qui fait, selon toi, que le Noxious Art Festival se démarque des autres ?

Par rapport aux festivals électroniques francais, il se démarque par son orientation artistique originale. Mais aussi par le lieu où s'exprime cette culture : un festival indus en pleine campagne, ce n'est pas courant, ce qui le distingue des festivals indus européens plus habitués aux zones industrielles, aux usine désaffectées et aux bunkers recyclés.

Non figuré : le Noxious Art Fest.


Une petite question rituelle : si tu voulais ralentir une marche de morts-vivants en leur lançant tes propres CDs à la gueule (ça marche sans doute moins bien que les vinyls [NdR : voir le film Shaun Of The Dead], mais ça vaut le coup d'essayer, non ?), lesquels leur balancerais-tu sans hésiter, et lesquels garderais-tu intacts jusqu'au bout ?

Question très difficile car la chose la plus précieuse à mes yeux est ma collection de CDs... Je ne jetterais pour rien au monde mon intégrale de Depeche Mode, mes albums de Skinny Puppy, Atari Teenage Riot et Nine Inch Nails...

Avant de jeter quoi que ce soit, je crois que je tenterais d'utiliser la musique comme une arme en orientant dans la direction des zombies un mur de son de 10KW en leur envoyant du Merzbow ou du Propergol à fond... et seulement après, si ca ne marche pas, j'envisagerais de leur jeter mes fonds de tiroir...

Attention quand même : Merzbow a sensiblement le même effet sur les êtres vivants.


Merci beaucoup, Syco. Tu peux faire un peu d'autopromo, maintenant, si tu veux !

Changez les piles de vos sonotones pour le WE du 9/10/11 Septembre pour le Noxious Art Fest à Vesoul (Moulin de Pontcey) !!!

Quant à mes projets musicaux, vous pouvez toujours vous procurer le dernier album de Chrysalide et le premier de Republik Of Screens sur cd1d.com ou sur ant-zen.com.



Site d'Audiotrauma : http://www.audiotrauma.org

Retrouvez Chrysalide sur http://www.noize-guerilla.org

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire