Suivez Modern Zeuhl

Modern Zeuhl est surtout sur Facebook.

jeudi 1 septembre 2011

Interview Klone


Klone est indéniablement un des groupes les plus surprenants et excitants de la scène française. Juste après leur excellent concert au Festival des Arts Bourrins, au sujet duquel je n'ai eu d'autre choix que d'être à proprement parler dithyrambique, je me suis retrouvé backstage pour discuter avec deux des membres du groupe, Florent (batteur) et Guillaume (guitariste). Deux types adorables, modestes comme on n'en fera jamais assez, qui pardonneront la relative maladresse de cette interview improvisée avec une bonne humeur non feinte.



Je commence par revenir sur leur présence presque "accidentelle" aux Arts Bourrins. "Deux groupes se sont désistés : Como Muertos, et Benighted avant eux." Et Klone a été appelé en renfort ? "On n'a pas eu le choix ! (rires) La date s'est confirmée tard, vers mai/juin." La présence de Klone au milieu de l'affiche me semblant surprenante, je leur demande ce que ça leur fait d'y figurer. "Ca a des aspects positifs et négatifs. Ca peut apporter du groove, quelque chose de plus accessible, de plus simple, de plus rock. Le risque, c'est de tomber sur des puristes, mais ils n'ont pas l'air vraiment présents ici." De toute façon, le groupe est venu sans grande crainte : "Ca nous est souvent arrivé de faire des concerts devant un public non conquis. On a rarement de mauvais accueils. Une fois, ça ne nous a pas du tout réussi ; on passait entre Kronos et un autre truc bien bourrin, à Toul. Par contre, d'autres fois, on nous a dit des trucs du genre : J'aime pas quand ça chante, sauf quand c'est vous."

C'est vrai qu'on tape tout de suite dans le moins doux, avec Kronos.

Au final, Klone semble être un groupe de metal qui ne pioche pas beaucoup de ses influences dans le metal. Tandis que Florent reconnait "ne même pas avoir pensé à faire un morceau avec du blast", Guillaume m'avoue qu'il ne sait pas vraiment sweeper, et n'a pas particulièrement envie de travailler cette technique. Quand je leur demande leurs influences, j'entends Deftones, Biohazard, Nirvana ("quand j'étais jeune… en quatrième"), Guns'n'Roses, Pantera, Metallica, Alice in Chains, le punk-rock mélodique à la NoFX, du rap, du hardcore… Sur Gojira, forcément, nous parvenons à nous mettre d'accord (la chanson "All-Seeing Eye" témoigne de toute façon de l'amour qu'a Klone pour ce groupe, et particulièrement pour "The Link"), mais sur d'autres groupes de metal, on sent un entrain bien moindre : "Les manières de faire de Pantera sont très texanes… Ca ne fait pas partie de ma culture."

Quand on voit les photos promo de Pantera, on comprend.

Le concert des Arts Bourrins était, pour le compte, encore plus orienté rock que d'habitude, suite à l'absence de Matthieu Metzger, qui s'occupe du saxophone et des samples dans le groupe ; mais la composition du groupe est, de toute façon, bien plus rock qu'autre chose. "On utilise peu de riffs, mais ils sont retournés dans tous les sens, et les plans de batterie sont changeants. On peut rester deux minutes sur la même harmonie, mais avec des plans tribaux, des textures sonores qui vont faire grossir l'ambiance au fur et à mesure. La construction des tracks n'est pas un A-B-A-B-pont classique, mais on pense en termes de couplet/refrain, avec des phrases musicales qui restent en tête. D'autres veulent tout complexifier, mais si on veut se souvenir d'une musique, il faut qu'elle sache rester simple." Cette recherche de simplicité a toujours été un fil conducteur de Klone, "mais c'est venu au fil des années… Et puis, on se laisse surprendre dans nos compos. Sur le nouvel album, il y aura des types de riff plus fins, plus "funk", plus tranchants, des trucs qu'on a pas forcément faits avant."


Hop hop hop… Vous avez dit "nouvel album" ? "Nous sommes en pleine phase de composition." Et Klone qui travaille sur ses compositions, c'est intensif, à la limite du stakhanovisme : "Sur les parties de batterie, on peut passer sept heures par jour, six jours dans la semaine. Pendant l'exploration d'un riff, il faut aller vite pour ne rien perdre", mais dans le même temps, "il faut beaucoup de temps pour tourner le truc. Si quelque chose sonne mal, on peut passer une semaine dessus avant de réussir à débloquer la situation. C'est dur de faire de la musique qui parle, mais en restant simple."


Etant particulièrement touché par cette Zeuhl qui court dans Klone, je demande à Florent et Guillaume quel peut être l'état d'esprit du groupe. "Disons que c'est très imagé. J'avais lu un journal intime de Kurt Cobain, où il disait qu'il plaçait des trucs très imagés, presque incompréhensibles, dans les paroles de Nirvana. Klone est un peu pareil. On travaille d'abord sur la forme. Yann [chanteur du groupe, NdR] écrit des paroles qui veulent dire quelque chose pour lui, et il ne nous dira jamais quoi. Ce sont des images, des sentiments, sujets à interprétation et surtout à une appropriation, ce qui va bien avec notre musique, qui se veut aérée et introspective." "Beaucoup d'artistes se montent le bourrichon avec la recherche de sens", regrette Florent. Au final, c'est la musique qui est au cœur de l'entité Klone, pas les idées. "Sur la musique, on s'entend clairement, au feeling. Sur les idées, ce n'est pas forcément le cas. Il y a des chicanes, sur tout un tas de sujets différents, mais on a appris à gérer ces tensions. Pour des mecs plus proches entre eux sur les idées, mais entre qui ça collerait moins artistiquement, ce ne serait pas possible de gérer un groupe. C'est déjà difficile de faire des bonnes chansons…"

"Fuck this, let's groove."

Avec tout ce que nous racontons "off" (et dont je ne dirai rien, pas la peine d'essayer de me tirer les vers du nez), le temps passe vite, et l'heure de la clope de fin d'interview approche à grands pas. Je conclus donc cette entrevue pas banale en demandant ce qu'on peut attendre de Klone dans les prochains temps. "On va faire du Klone, avec toujours cette sorte de fraîcheur, cette façon de tenter des nouvelles choses, de faire avec le cœur. Tu ne peux pas passer sept heures par jour à travailler sur des compos si tu n'y crois pas." Et en pratique, ça donnera quoi ? "On a une dizaine de dates prévues, dont Paris, Rennes, Bordeaux, Toulouse… Elles ne sont pas encore toutes annoncées sur le Facebook du groupe, mais ça viendra vite. Ensuite, un break en décembre/janvier ; on va se faire oublier un peu, le temps de préparer l'album, qui sortira en septembre prochain au plus tard. Il sera sans doute moins lent que "Black Days", moins dans la retenue, avec des riffs plus longs…"

Et il sera probablement encore meilleur. J'en salive d'avance.

On attend d'y jeter l'oreille avec impatience, ai-je envie de dire, mais je parviens à réfréner au dernier moment cette réplique digne du plus malpropre des groupies. Difficile, de toute façon, de se comporter en groupie avec des gens aussi simples et naturels. Des mecs qui font de la musique pour la musique ("il y en a qui vont voir un psy ; nous, on joue"), loin de cette pitoyable et malheureuse prétention qui anime certains prétendus artistes dès qu'un semblant de reconnaissance les atteint. Une petite clope avec Florent, et je retourne voir les concerts, ravi de ce moment passé en backstage. A la prochaine et merci, les Klone !



Site officiel : http://www.kloneband.net/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire