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jeudi 15 septembre 2011

Live review : Noxious Art Festival (du 9 au 11 septembre 2011, Moulin de Pontcey)

Crédit photo : Chloé Homont (site en construction).

Organisé par l'association Audiotrauma dont j'ai déjà interviewé pour ces pages le président Syco, le Noxious Art Festival nous accueille au Moulin de Pontcey, modeste bâtiment de pierre à une dizaine de kilomètres de la ville de Vesoul, redécoré pour l'occasion (nous pûmes notamment apprécier le superbe graff Noxious sur un des murs de la salle de concert elle-même, ainsi que, trônant au milieu de quatre autres œuvres d'artistes indépendants, face au bar intérieur, le tableau "Le Cri" du français Meln). Comme beaucoup de festivaliers et d'artistes, nous résidons au Camping du Lac, à la limite entre Vesoul et Vaivre, un petit coin de paradis ensoleillé avec une plage de sable donnant sur un superbe lac. Un petit coin tranquille qui va nous sentir passer...

Un endroit où les arbres poussent dans les canettes de bière. Bienvenue au paradis. (Crédit photo : Daphné Boghossian.)


Le festival commence un peu en retard le vendredi (ce qui nous arrange bien, nous qui venons à l'arrache et en stop -- ce qui ne m'empêche hélas pas de passer à côté de R3-Mute), par un artiste maison, Republik of Screens, sorte de power noise martial à chant distordu rappelant les attaques sonores les plus franches de groupes comme Synapscape. C'est d'ailleurs un léger reproche que l'on pourrait leur adresser : une proximité parfois très franche avec certaines influences. Néanmoins, c'est un live bien rentre-dedans que la République nous livre, montant en puissance avec une franche détermination à nous accueillir comme il se doit, et nous abandonnant déjà en sueur sur une superbe outro très noise conclue par ces mots : "Autrefois, c'est vous qui faisiez les images ; maintenant, ce sont les images qui vous font." La couleur idéologique du week-end est annoncée par un live qui dépote.

Extrait d'un live datant d'un an et demi plus tôt. Leur premier. Avec un public étonnamment inerte.

Le Diktat et Kirdec prennent la suite, dans un genre différent (le long de ce week-end, nous nous habituerons à sauter d'un sous-genre à un autre régulièrement, ce qui crée un effet de surprise parfois très appréciable, d'autres fois un peu regrettable... j'y reviendrai). Je ne vais pas répéter ce que je pense du Diktat, les lecteurs réguliers le savent déjà, et les autres n'ont qu'à aller voir. Quant à Kirdec, disons que c'est un acharné de la scène, qui mène toujours quatorze projets de front, du harsh-noise à l'expérimental, et qu'on ne savait donc pas trop à quoi s'attendre de la part de cette collaboration. Au final, c'est avec, notamment, de longues basses envoûtantes qu'il est venu enrichir l'univers tout en mid-tempo du Diktat, pour nous offrir un set à la croisée des chemins, quelque part entre breakbeat et dubstep, l'agressivité en moins et l'ambiance en plus, dont j'aurais vraiment souhaité qu'il passe après Ex_Tension (comme prévu initialement) tant les deux duos se seraient répondus et complétés.

Petit rappel : Le Diktat, c'est notamment ça.

Peut-on intégrer à une musique aux fondements post-rock un électro vaguement industrialisé aux relents d'Aphex Twin, et encore y brasser l'air de rien quelques tonnes d'influences diverses, de l'IDM au rock indus old-school ? La réponse est oui, si on s'appelle nÄo. Le trio électro-acoustique de Besançon (un batteur, un guitariste/machiniste, un claviériste/machiniste), malgré ou grâce à un décalage sensible par rapport à la couleur musicale prédominante du week-end, nous a attrapé avant que nous ayons vraiment le temps de redescendre du set précédent, pour nous emporter dans un voyage inclassable, psychédélique, planant, et tout bonnement incroyable. Un des meilleurs sets du festival, et une grande découverte musicale.


Sur scène, le même genre de beauté, avec une énergie plus organique. Le pied.

L'enchaînement avec Igorrr, très surréaliste, ne me laisse pas le temps de me reposer, et comme d'habitude, il envoie sec. Pas de grande différence avec les deux dernières fois (aux 10 ans d'Ad Noiseam et à la soirée Casse Ton Singe !), c'est-à-dire qu'on en a pris plein la gueule. Mentionnons juste une nouvelle track interprétée pour la toute première fois, introduite par un long duo piano-chant féminin totalement superbe, qui laisse prévoir un futur album au moins aussi bon que le précédent, et une fin de concert plutôt abrupte puisque, voulant jouer les prolongations (ou ne réalisant tout simplement pas à quel point il prolongeait son set), Igorrr a tout simplement été coupé par l'ingé son après plus de dix minutes de bonus. Miam.

"Non, je bougerai pas d'ici, non." (Crédit photo : Daphné Boghossian.)

J'ai lamentablement raté la plus grande partie de la fin de cette première soirée pour fêter ça (quel professionalisme !), mais ai eu des bons échos de S.K.E.T, et des retours meilleurs encore de Twinkle, qui sont en tout cas deux très bons groupes sur album ou dans leurs précédentes vidéos live.

S.K.E.T en live il y a deux ans... (Crédits vidéo : Unit29909.)

Une petite de Twinkle qui fait du bien par où elle passe : "La Danse du Bruit". (Crédits vidéo : Cyclonbeat.)

Quant à Lingouf, le peu que j'en ai vu m'a semblé très orienté "indus/hardcore à l'allemande", martial et rentre-dedans... Trop pour mon état de fatigue. Je serai plus objectif sur les groupes de festival quand j'aurai plus d'endurance, je crois. D'autant que ce qu'il fait est loin d'être désagréable (je suis en train de détruire mes enceintes avec le titre "Go Quantum" à l'instant où j'écris ces lignes, et il semblerait qu'il soit sur le label de l'excellente et violente Ybrid). En attendant, nous nous passerons d'after ce premier soir, faute d'alcool, et j'ai envie de dire : tant mieux.

Fuck your ears. (Crédits vidéo : Cyclonbeat.)
Petit rajout, avec 24 heures de retard : son album "Doème", sorti cette année, est une petite merveille de "breakcore symphonique" dont je vous recommande vivement l'écoute. Pas convaincu en live, mais il va falloir sérieusement fouiller son back-catalogue...
Deuxième jour. La première nuit en camping est difficile, et c'est déjà crevé que je débarque dans la salle, après une partie de stop pas facile en plein soleil, pour me faire ramoner les oreilles par Storm Varx vs K.Oz, harsh noise (in french : bruit abrasif) pas gentil du tout. Les amateurs ont l'air d'avoir énormément apprécié, mais je n'en suis pas. Ce jusqu'au-boutisme bruitiste n'est pas du tout ma tasse de café. Même bien fait. (Et j'invente les expressions que je veux.) No harm done.

Puisque je n'ai pas trouvé de son de Strom Varx, voici une photo d'un festivalier qui a souhaité rester anonyme.

Le mid-tempo aux rythmiques travaillées et fines d'Amesha Spenta, un autre groupe Audiotrauma, me parle beaucoup plus, et il faut reconnaitre que les ambiances de ses morceaux, empruntées autant aux musiques (extrême-)orientales qu'à la composition occidentale, sont totalement hypnotiques. Ce mélange d'influences pluriethnique me transporte littéralement, et le set passe beaucoup, beaucoup trop vite. L'artiste, bien que visiblement pas très à l'air sur scène, nous livre un excellent live... qui introduit la claque qui suivra.

Ouah. (Crédits vidéo : Cyclonbeat.)

Oui, aussi bon qu'il a été, et loin de moi l'envie de le dénigrer (bien au contraire !), Amesha Spenta se fera surpasser par Tzolk'in, collaboration entre Flint Glass et Empusae. Que je prévienne tout de suite : ce set restera, pour moi, la claque du festival.

Pure awesomeness. (Crédits vidéo : Unit29909.)

L'industriel tribal et profond, accompagné de soundscapes enivrants et réhaussés par des percussions live, de Tzolk'in est un inducteur de transe hors pair ; et, pour ne rien arranger, les projections inspirées de civilisations antiques sont superbes, et le duo a une véritable présence scénique, naturelle et décomplexée (malgré la relative immobilité à laquelle leurs instruments les contraignent). Le public ne s'y trompe pas, et offre au duo une véritable ovation.

Pour moi, le meilleur set du festival. (Crédit photo : Kakrupock.)

La redescente est lente ; je passe un bon quart d'heure la tête dans les nuages, sans contact avec la réalité, ne reconnaissant même pas vraiment les gens que je croise (pas vrai, Gaëlle ?). Je vous jure que je n'exagère pas : pas besoin de MDMA quand on se prend un tel show dans la gueule. Lorsque je retombe de mon petit nuage, je me rends compte qu'il est temps de me désaltérer et de manger un morceau (les pizzas de la veille me manquent déjà, mais la soupe de pois cassés spécial vegan est excellente). J'écoute de loin le duo allemand Punch Inc, qui me semble sur le moment être du power noise de très bonne facture ; ça sent l'Hymen et l'Ant-Zen à plein nez, même quand on n'en a que quelques sons qui dépassent, entre deux titres du mix qu'assure, en live et les pieds dans le gazon, le duo d'animateurs noise-addicts fous de Riot Beat (émission électro-indus des Tourangeaux de Radio Béton, hop, le petit copinage) pour nous aider à alimenter nos acouphènes et à digérer nos sandwiches.

Dites bonjour à Olivier et Herbert de Riot Beat ! (Crédit photo : Daphné Boghossian.)

Une heure pour se reposer les mollets, c'est quand même relativement peu, en fin de compte. Le temps de taper la discute à droite à gauche, d'engloutir un excellent comestible (merci l'équipe du Coin de l'Oreille !), et Iszoloscope vient nous rappeler qu'il n'est pas là pour rigoler.

Monsieur. (Crédit photo : Chloé Homont (site en construction).)

Je l'avais déjà vu il y a quelques années en première partie d'Imminent, sur Paris, et ç'avait été un véritable régal, un gros live de ce son si particulier, quelque part entre le power noise et une sorte de hardcore mélodique, travaillé avec des beats lisses et graves, bien réguliers, enrichis de sous-rythmiques plus noisy qui rajoutent des ambiances irrésistibles à une base extrêmement dansante. Cette fois-ci, c'était pareil, en encore cent fois meilleur (parce qu'avec encore plus d'expérience). Un live totalement irréprochable pour faire fonctionner nos glandes sudoripares et nos canaux sudorifères. C'est la machine à laver qui va être contente.


Totalement irrésistible.

Ce n'est pas Pedro, alias HIV+, qui risquait de vraiment nous reposer après ce set. Certes, ce pionnier de la scène indus et accro du bidouillage "à l'ancienne" (un des seuls à ne pas avoir d'ordinateur sur scène) donne rarement dans le 220 BPM ; il n'en garde pas moins un style irrésistible, chaud et grésillant, rythmé et barré, fidèle à ce petit bijou qu'est l'album "Abstract and Harsh Ironworks" sorti il y a dix ans déjà et donc il nous a interprété quelques titres.

(Crédit photo : Kakrupock.)

Ma seule déception aura été la fin de son concert : là où j'aurais rêvé d'un petit "Taliban's Law" pour conclure la larme à l'œil, HIV+ aura préféré se taper un petit délire new-beat sur lequel il chante en espagnol. "Rigolo", diront certains. "Osé et bien foutu", apprécieront d'autres. Pour ma part, j'aurais dit "déplacé". Cela n'empêche que, sur les 45 minutes de set, j'en ai trouvé 40 excellentes. Et puis, les goûts et les couleurs, hein...

"J'aime le bruit." (Capture vidéo de Kakrupock, audio HQ et vidéo finale de Pedro aka HIV+. Et pour ceux qui n'ont pas capté, la phrase est une référence à Sulphuric Saliva, avec qui HIV+ a brièvement collaboré il y a quelque temps -- et ça a entre autres donné la chanson "Burning Up", une bombe.)

Les deux "gros noms" du festival viennent conclure la soirée avec plus ou moins de réussite (là encore, ça dépend des goûts). D'abord, Synapscape, dont j'ai déjà parlé en ces pages, nous délivre un set carré, vraiment organisé comme un live, c'est-à-dire que leurs morceaux ne sont pas mixés les uns aux autres, et "à l'allemande", avec une rigueur et un professionalisme incroyables. Peut-être un peu trop fidèles aux versions album à mon goût, les tracks jouées parviennent cependant très bien à rendre ce maelström de styles délicat des albums, et forment finalement un set équilibré auquel il est difficile de résister.

Leur nouveau clip, juste pour vous donner envie.

Laurent Hô, en revanche, m'aura moins convaincu (et pourtant, vu que lui est français, je prends plus de risques en disant du mal de lui que si j'avais craché sur Synapscape... je suis con, aussi). D'une part parce que j'ai eu du mal à déceler une véritable subtilité dans son hardcore, certes honnête, efficace, techniquement irréprochable, mais plutôt éloigné pour le compte de ce qui me plaît le plus dans la musique (dois-je vous remettre un lien vers la définition du mot Zeuhl ?).

D'autre part... (Crédit photo : Chloé Homont (site en construction).)

D'autre part parce qu'il y avait à mon goût quelque chose de racoleur dans la mise en scène : entre le show de suspension des vingt premières minutes et la tenue en dégradé homme/femme de Laurent Hô (crâne rasé et visage non maquillé, fringues moulantes et bottes compensées de drag-queen), le set s'est au final travesti en spectacle faussement décadent -- et je dis bien "faussement", dans le sens où le public indus est sans doute le plus "clean" que j'ai jamais vu, ça pue l'anti-nucléaire et le vegan dans tous les coins, ça change et ça fait du bien. Bref, c'est au final le spectacle le plus attendu que j'ai le moins apprécié, pour son côté putassier (quelque part entre racoleur et cabotin, merci le Wiktionnaire). Techniquement très bon, mais pas ce pour quoi j'étais là. Dans une autre soirée, j'aurais pu me régaler.

Alleeeeeeeeeez ! (Crédit vidéo : Kakrupock.)

Pas grave, ça n'a pas empêché de faire les cons, et la soirée a continué au camping, à trente ou quarante sur la plage, avec de l'éclusage de bières en bonne et due forme, de l'indus et de la dubstep à fond sur l'autoradio d'une bagnole ramenée jusque-là pour l'occasion, un petit saut dans la flotte à quatre heures du matin pour la forme (qui a des photos ?), et comme le milieu indus est un petit monde sans prétention, Thomas (Le Diktat), Pedro (HIV+), une bonne partie de l'équipe Audiotrauma, et sans doute d'autres que j'oublie de nommer, se sont naturellement joints aux festivités.

Paie la fine équipe. (Crédit photo : Daphné Boghossian.)

Une trop courte nuit à la belle étoile plus tard, c'est avec une âme de vainqueur (...non, je déconne) que mon ami David et moi rejoignons la bande des Lillois fous, et nous buvons un "petit" apéro sous la pluie avant d'aller, en retard et donc en taxi, au Moulin de Pontcey, juste à temps pour Lith, et donc après avoir totalement raté Darkrad et Solar Skeletons (je n'ai pas réussi à avoir de retours sur les premiers, et apparemment j'aurais souhaité ne pas rater les seconds). Lith, c'est quand même un type que j'ai découvert il y a presque dix ans, avec son magistral premier LP "Pylon", et lorsqu'il a sorti son deuxième, "Gaïa", sur Brume Records (le label de Flint Glass), je n'ai rien pu faire d'autre que crier au génie. Sur scène, son indus-core rythmé et ambiant, tribal et écrasant, est soutenu par des projections incisives : images de manifestations lourdement réprimées, d'expérimentations animales dégradantes, de victimes de la radioactivité, de champignons nucléaires, de puits de pétrole...

"Hiroshima", une des deux chansons de l'album "Gaïa" auxquelles nous avons eu droit en live.

A l'expérience musicale saisissante et quasi-orgasmique s'ajoute donc celle, volontairement douloureuse, de l'observation d'un condensat (c'est le cas de le dire) d'humanité pousse-à-la-révolte, beaucoup plus subtil et mieux maîtrisé à mon goût que les relents d'anarcho-communisme des Muckrackers, la formation de punk/crust/noise qui prend la suite. Qu'on ne se méprenne pas sur mes propos : je ne suis pas dans le rang décérébré des anti-communistes primaires -- et même la lecture de quelques lignes de Karl Marx n'aura pas réussi à me rendre anti-communiste secondaire. Pourtant, la surexposition idéologique me semble au mieux un accessoire, au pire un élément de ridicule (certains doivent se rappeler mes propos sur Tetchiot Krov) ; ainsi, le militantisme des encagoulés de Muckrackers, soutenu par des projections uniquement axées sur la classe ouvrière (ferronnerie, chaudronnerie, fonderie, métallurgie...) ne m'aura-t-il pas aidé à apprécier leur musique, trop primale à mon goût, surtout après la démonstration de maîtrise de Lith. Cependant, ils ont le mérite de rappeler (de marteler, devrais-je dire) une leçon que nous devrions tous apprendre par cœur et appliquer à notre niveau : "Ceux qui luttent sont ceux qui vivent."

J'ai oublié de préciser : ils sont Lorrains, et à la limite du régionalisme, alors pas trop de blagues déplacées. (Crédit photo : Daphné Boghossian.)
Petites précisions reçues par les Muckrackers : ils sont anars mais non communistes, et surtout pas régionalistes (ils y tiennent vraiment). Je m'étais fait avoir pour ce qui est de leur couleur politique, certes, mais le coup du régionalisme était bel et bien une blague, okay ? Et, ah, oui, j'allais oublier : la citation "Ceux qui luttent..." est de Victor Hugo. Merci de m'avoir apporté ces ajouts, les mecs, et merci de savoir prendre les critiques pour ce qu'elles sont -- ça fait plaisir de ne pas se faire cracher à la gueule juste parce qu'on a dit qu'on n'aimait pas quelque chose. Ca me change !
Le français 2methylBulbe1ol, dont le mélange dubstep/IDM/drum'n'bass semble presque décalé par rapport au reste de la programmation, prend la suite, et son set est un pur régal. Sa collaboration avec un VJ talentueux aura permis, pour la première fois de sa carrière, d'illustrer d'une façon variée, surréaliste et calée avec la musique un set hypnotique, développant des ambiances raffinées au sein d'une musique que l'on aurait trop vite fait de ranger dans une grosse boîte "dubstep", mais qui ne sombre jamais dans la facilité ou les wobbles racoleurs. Dérivé de la construction/déconstruction rythmique de l'IDM et renforcé par des basses prenantes et des mélodies douceâtres, le style de 2methyl s'enrichit d'emprunts variés, des structures du rock au chant hip-hop en passant par les nappes de l'ambient. Un live parfait.


"King". Un titre bien choisi. (Au-dessus, un des éléments de la visu créée avec Pilami ; d'autres sur sa page Vimeo.)

Syco avait évoqué Aniaetleprogrammeur, en parlant comme un des groupes à ne surtout pas rater. Pour fêter ça, je n'en ai vu que quelques échantillons, pour aller interviewer Nico de 2methyl. On me l'a décrit comme suit : "imagine si Atari Teenage Riot faisait de la pop". Ce que j'en ai ressenti n'allait pas vraiment dans cette direction, dans le sens où la comparaison à ATR m'a semblé exagérée ; en revanche, le côté électro-mélodique appuyé, et l'aspect organique enrichi par la présence sur scène de guitare et percus, posaient une ambiance dont je regrette de ne pas avoir profité. A revoir, un jour... dès que l'occasion se présentera.


Le parallèle avec Atari Teenage Riot m'a paru bien plus justifié quand j'ai fouillé d'autres aspects du groupe.
ATTENTION : ce clip contient, entre autres, de la pornographie, des images violentes et des plans chirurgicaux. Eloignez les enfants.

Les "hôtes" de la soirée Chrysalide, trois fondateurs d'Audiotrauma unis dans un attentat sonore enragé, envahissent la scène pour un des sets les plus longs (une heure), mais aussi un de ceux qui passent le plus vite.

Et en plus, ils sont super-mignons. (Crédit photo : Chloé Homont (site en construction).)

Mix de punk/metal et de power noise, leur musique serait trop facilement comparable à celle de Punish Yourself, mais cette comparaison serait bien trop limitante, et ne rendrait pas cette noirceur engagée que le machiniste et les deux chanteurs/hurleurs du groupe entretiennent en arrivant sur scène torse nu et badigeonnés de noir.

"Traders Must Die", vu depuis la scène. (Vidéo par Nasty Bug, dénichée sur la chaîne Youtube Weareeternal.)

Ils se paieront même un double luxe : reprendre "Another Brick in the Wall Pt. 2" de Pink Floyd en guise de conclusion de leur show, sans la rendre ridicule, en lui adjoignant des paroles de la Part 1 ("Daddy's flown across the ocean... leaving just a memory...") et un passage de "Is There Anybody Out There ?", et en rendant le tout bien plus sombre et rageux... puis revenir pour un rappel encore plus rentre-dedans que leur reste de leur show, histoire de nous achever. Un grand, grand live.

Don't be scared, it's about life.

Difficile de trouver de l'énergie pour le dernier show du week-end, assuré par le duo Ex_Tension, dont j'adore l'industriel tout en retenue, aux ambiances profondes et lumineuses. Sur scène, les deux artistes se complètent bien sans jamais se chercher, et développent efficacement leur univers sans jamais chercher à "racoler". Difficile d'en dire beaucoup plus, car rien de spectaculaire cette fois-ci, seulement un très bon groupe qui a fait un très bon set électro, le genre de sets de trois quarts d'heure qui file en deux minutes, et qu'on apprécie en fermant les yeux et en se laissant être mû par les ondes sonores.

Close your eyes and see. (Crédits vidéo : Cyclonbeat.)

La bière d'adieu au Moulin du Pontcey s'avère indispensable, et elle est accompagnée par un DJ qui décide de remuer les festivaliers une dernière fois... en ouvrant son mix par "Doomsday Mechaniks" de DJ Producer. Je renverse la moitié de ma bière en courant vers les enceintes. Une vingtaine de minutes plus tard, c'est "Suffering" qui vient nous exploser les z'oreilles. Entre les deux, rien que je ne connaisse (pardonnez mon inculture), mais beaucoup de gros son qui fait transpirer. Au bout d'une heure, on se fait ramener au camping, on retourne sur la plage -- pas trop longtemps : le festival m'a terrassé.

Trois jours comme ça, avec le même sourire ahuri, à sauter dans tous les sens (et toujours avec des T-shirts sans aucun rapport avec l'indus)... Ca m'a tué. (Crédit photo : Daphné Boghossian.)

Autant dire que, si nous n'avions pas retrouvé d'autres festivaliers dans le train pour Paris, ç'aurait été un voyage très triste. Une ambiance géniale, ouverte, conviviale, sans aucune prétention ou distance des artistes (je pense notamment à Thomas/Le Diktat, Cédrik/Kirdec, Gwenn/Flint Glass, David/Lith, Pedro/HIV+, Yann/Iszoloscope, Nico/2mB1o), des orgas (tous les orgas) ou du public ("je te connais pas, toi ? viens boire une bière, on va se présenter !" ; Ferdinand et "Janet Weiss", la troupe des Lillois, ce Belge de 48 ans qui a fait vingt bornes de détour pour nous ramener le premier soir, Manu le camionneur fan de son homonyme le Malin -- si vous trouvez cet article, les mecs, passez me faire signe !), des concerts qui déboîtent, un lieu superbe... Je ne peux même pas en vouloir à l'orga pour les 45 minutes de retard du premier jour -- une heure après Igorrr.

You guys rule. (Crédit photo : Daphné Boghossian.)

On remet ça l'an prochain pour le dixième anniversaire, les mecs ?

3 commentaires:

Riot Beat a dit…

excellent report!

Je ne suis juste pas d'accord sur le live de Laurent Hô, ça a été une magistrale leçon de mix avec une selection carrée, bien old-school, loin des merdes qu'on peut entendre en teknival depuis plus de 10 ans :)

A noter que la perf durant son mix n'a pas été calée par Laurent lui-même (il me semble) mais par les Audiotz :p

voilà, merci bisous :]

Herbert

Modern Zeuhl a dit…

Merci pour ce feedback :) Là encore, les goûts et les couleurs... C'est vrai qu'on était très loin des merdes dont tu parles, et j'ai mentionné moi-même personnellement pour ma part que c'était techniquement irréprochable. Je n'ai juste pas trouvé la petite subtilité que je recherche dans la musique, sans doute justement le côté "hardcore old-school" qui ne me plaît pas trop... Je suis notamment, comme précisé à la fin de l'article, un fan inconditionnel de "Doomsday Mechaniks" du DJ Producer, alors il ne faut pas trop m'envoyer de old-school ou je déraille ^^

Pour la perf, je prends note. Merci encore !

Chl03 a dit…

"Une trop courte nuit à la belle étoile plus tard, c'est avec une âme de vainqueur (...non, je déconne) que mon ami David et moi rejoignons la bande des Lillois fous, et nous buvons un "petit" apéro sous la pluie avant d'aller, en retard et donc en taxi, au Moulin de Pontcey, juste à temps pour Lith"

Bon on a fait un carton nous :)

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