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jeudi 20 octobre 2011

Unfold


Le groupe suisse Unfold aurait eu plus de dix ans d'existence s'il n'avait pas subi un long break, de 2004 à 2009, au bout duquel le groupe semble s'être reformé plutôt naturellement et l'inspiration est revenue toute seule. Quand ils en parlent, les Unfold sont plutôt cabots, et bien entendu, l'exemplaire promo les présente comme une formation-phare du metal helvétique et autres qualificatifs dithyrambiques finalement fort convenus. J'ai voulu découvrir ce qu'il en était réellement, et je me suis pris une sacrée beigne.

Hein, quoi ? Où ça, une running-joke, où ça ?

Dès son premier album "Pure", sorti en 2000, le combo helvète donne quelques signes discrets de son style à venir. Se basant sur un son néo tirant sur le hardcore, Unfold parvient occasionnellement à y greffer des ambiances inhabituellement sombres, notamment le début du premier titre de l'album "Electra", qui donne envie d'entendre la suite. Hélas... Dix fois hélas, même, l'album comptant onze titres. Clairement, ce disque est loin d'être une réussite à mon sens. La jeunesse du groupe se ressent fortement dans la façon parfois maladroite avec laquelle il mélange des éléments neo trop forcés à des influences post-hardcore jamais assez mises en avant (les crissements de guitare et les riffs old-school de "Shovel", le chant clair sur "Coaxial" et "Vegas"), faisant sombrer "Pure" dans un marasme "in" mal maîtrisé. Au final, on ne sait trop quoi penser de ce premier opus qui navigue en eaux troubles, sinon que son post-neo est maladroit et arrive en retard, alors que de rares étincelles postcore révèlent le talent latent du groupe dans un style en plein boom. Pour ma part, l'écoute intégrale de "Pure" m'est très difficile, et pas pour les meilleures raisons.


Quelques années plus tard, fort heureusement, "Aeon Aony" (2003) redresse la barre avec brio, réorientant le projet en creusant et densifiant ses ambiances, épurant également le style musical d'Unfold, ou devrais-je plutôt dire l'épuçant, en disant adieu à des racines neo-metal souvent trop convenues. Le groupe ne s'appauvrit pas pour autant ; d'ailleurs, le post-hardcore gluant de "Aeon Aony" est occasionnellement ponctué de passages très intéressants et surprenants, comme l'introduction au piano de "Baron Rouge" qui ouvre progressivement la porte à une lourdeur musicale qu'on retrouvera, quelques années plus tard, chez des groupes comme Amenra, ou les violons étouffés de "Phantom Structures". Ces rares éclaircies mises à part, la musique d'Unfold est ténébreuse ("I Miss My Dallas"), et quelques incursions à la limite de l'ambiant ("Enter Sinus") ne font pas oublier la lourdeur presque étouffante de cet album, incroyablement bon après le maladroit et indécis "Pure".

L'étonnante et saisissante "Baron Rouge".

Quelques longues années de break plus tard, donc, Unfold revient enfin avec son troisième album fraîchement sorti à l'heure où j'écris ces lignes, "Cosmogon" (sorti le 27 septembre 2011), un objet rare, lumineux autant que sale. En début d'album, le groupe ne s'encombre pas d'une introduction semi-ambiante, d'une montée en puissance progressive, ou de quoi que ce soit d'autre : "Erere" rentre dans le lard, avec un son postcore tortueux. Cependant, cette saleté n'est pas le reflet d'une volonté de creuser toujours plus profond ; c'est ainsi qu'après quelques minutes lourdes et douloureuses, la première track se termine sur une note plus sensible et mélodique, concluant avec une certaine douceur une track que l'on pourrait autant rapprocher du plus "léger" de Neurosis que d'influences plus sludge (Down, Knut, Dirge...).  Cet étrange et instable équilibre entre sludge suffocant (les deux minutes quarante de "Hemere", la splendide "Hexahedron") et mélodicité post-romantique s'acoquinant parfois avec le post-rock (la longue et envolée "Ethera") effectue quelques détours du côté d'un son plus post-punk, sec et direct (la première moitié de "Hystrion", la puissante et gluante "Eschaton" qui conclut l'album), sans jamais perdre le fil à force de vouloir trop en faire.

Et voici justement la longue et extraordinaire "Ethera", qui représente à elle seule quasiment la moitié de l'album.

Riche et aérien, "Cosmogon" est une œuvre balancée et puissante, qui montre qu'après un (trop) long break, Unfold a trouvé sa propre forme d'expression, mi-diamant mi-cambouis, à nous faire regretter que ce troisième album soit aussi court (38 minutes à peine). Tant pis, il faudra l'écouter plusieurs fois de suite. Avec un plaisir sans cesse renouvelé.



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