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samedi 19 mai 2012

Necro Deathmort


Steven Wilson (Porcupine Tree, Blackfield, No Man, etc.) est franchement quelqu’un de bien. Non, je ne le connais pas personnellement, simplement qu’en plus de composer de la musique de qualité (son dernier album solo est franchement magnifique), le bougre a également des goûts musicaux pour le moins intéressants. C’est donc avec la plus grande attention que j’ai parcouru son "top 2011" jusqu’à tomber nez à nez avec ce groupe, annoté par le maitre comme suit : "imagine Trent Reznor producing Sunn O)))" Il ne m’en fallait pas plus pour me jeter dessus tel un mort de faim…


Necro Deathmort… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le patronyme de ce duo anglais composé de Matthew Rozeik (Astrohenge) et AJ Cookson est indéniablement original/ridicule/génial, selon votre sensibilité. Il n’est toutefois pas hors de propos, loin de là. Ces trois sons de cloche décrivent on ne peut mieux la musique tout à fait singulière du duo londonien. Alors que l’on s’attend à du black metal des cavernes teinté d’ultraviolence, le groupe nous prend complètement à contre-pied en choisissant la violence noire, celle qui bouscule, celle qui laisse une marque indélébile sur vos émotions, votre expérience. Après la sortie de "This Beat Is Necrotronic" en 2009 qui fixait les bases de l’expérimentation à la Necro Deathmort, le duo nous revient en 2011 avec "Music of Bleak Origin", prêt à en découdre avec votre âme.

Attention toutefois, malgré les apparences, la musique du groupe reste tout à fait accessible. La durée des morceaux ne dépasse d'ailleurs pas 7 minutes (4 à 6 en moyenne). 

"Devastating Vector". Comme son nom l'indique.

On se promène dans un paysage désuet, la décomposition matérielle inéluctable. L’on parle souvent « d’album de la fin du monde », à tort et à travers parfois, mais admettons-le, cette expression sied à ravir à Necro Deathmort. Des rythmiques lentes et organiques jonchent l’album tels des cadavres déposés aléatoirement ici et là sans crier gare. Nous sommes balayés au gré de compositions dotées d’un éclectisme charmeur. Un voyage lugubre nous est présenté aux confins du Drone et de l’Indus.

Premier coup de cœur de l’album : "Temple of Juno". Un rythme lent, lourd, accompagné d’une voix fantasmagorique surplombant la marche infernale imposée. C’est efficace, au croisement du rêve et du cauchemar, avec ces guitares aériennes survolant cette machinerie dantesque. Ce morceau résume parfaitement ce dont le groupe est capable : nous emmener toujours plus aisément dans cet état de semi-transe où chaque riff, chaque beat, chaque montée en puissance se révèlent d’une puissance incroyable. 

"Temple of Juno".

Il est indéniable qu’à l’écoute de l’album plusieurs influences viennent facilement à l’esprit, sans pour autant devenir un album quelconque de reprises qui s’avèrerait franchement ennuyeux. Non, ici-bas, on se retrouve à côtoyer la lourdeur Dronesque d’un Earth des premiers jours ("Überlord", "In Binary") et un shoegaze noisy ("For Your Own Good" où la voix éthérée du chanteur domine une rythmique puissante et indomptable) ; on y perçoit des rythmiques abstract hip hop à la Dälek, parsemées de sons industriels de très bon aloi ("Devastating Vector", sur laquelle la lourdeur monolithique du groupe est impressionnante, sans même évoquer le break à la limite du dubstep qui met un point d’honneur à nous achever, sans pitié). L’accumulation des genres pourrait facilement être mise en cause à la lecture de cette chronique. Cependant il n’en est rien, le groupe enfile les perles et crache son venin dans un maelström parfaitement maitrisé. Preuve en est une fois encore avec "Blizzard" et son approche électro-indus bien sentie qui vous engloutira à n’en pas douter.

Arrêtons-nous enfin sur les deux dernières "chansons" de l’album qui, selon moi, vont de pair. D'abord, "Heat Death of Everything" : il n’y a pas titre plus évocateur que celui-là. La lourdeur étouffante à son paroxysme, des cris inhumains nous parviennent indéfiniment et nous collent à la peau telles les braises d’un feu incandescent. La souffrance, ce rythme caverneux dantesque nous entraine dans son sillage et ne nous lâche plus. On reste là, hypnotisé, à quia, sans espoir, tiraillé par les distorsions, écrasé par la puissance industrielle dans la lignée d’un Godflesh période "Streetcleaner". Tout ici n’est que mort et décomposition. Puis vient finalement "Moon" qui, après l’obsédant passage à tabac que l’on vient de subir, nous prend par la main dans son univers dark-ambient, où vagabonde aléatoirement notre âme au gré des vents sur les terres désolées du massacre qui vient de se produire. Etouffant.

"Blizzard". Un nom d'actualité, en plus... (Les geeks comprendront la blague.)

Si vous êtes amateur de musique sombre ambiancée et que les références citées dans cette chronique vous sont familières, n’hésitez pas une seule seconde, Necro Deathmort est un gouffre d’influences superbement digérées qui vous emmènera dans des contrées apocalyptiques, où la noirceur est omniprésente, l’atmosphère insaisissable et l’asphyxie totale. A noter également que le duo sortira un nouvel album en cette année 2012, vous savez ce qu’il vous reste à faire...




Aperçu du nouvel album "The Colonial Script" (2012) sur Bandcamp :

1 commentaire:

Unknown a dit…

Woah ! Vraiment génial !
On imagine facilement ce type de musique dans un film Post-apocalyptique !
J'ai écouté "Heat Death of Everything" , celle la en revanche m'a un peu moins accroché .. peut etre trop chaotique pour moi .
Sinon les 3 autres postées sont superbes !
Rien a redire !

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