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lundi 26 mars 2012

Mono-Amine


Il y a les artistes qui révolutionnent un genre, voire même qui en créent un nouveau, sans rechigner. Ce sont les 5F_55, AutechreBlut Aus Nord, Explosions in the Sky, Hypnoskull, MayhemMeshuggah, Mr Oizo, NeurosisOpeth, Shining, The AlgorithmVildhjarta... ou, pour viser dans le plus vieux, Einstürzende Neubauten, Frank Zappa, Kraftwerk, Led Zeppelin, Magma, Pink Floyd, The Residents, et tous ceux que j'oublie. (Si j'ai oublié un ou deux artistes/groupes dont vous êtes fan, vous pouvez venir râler ci-dessous, j'y jetterai un œil distrait un de ces soirs, entre Facebook et Youporn.) Et puis il y a ceux qui n'inventent pas grand-chose, mais parviennent sans que l'on sache trop comment à parfaire un style, à lui donner tout ce que l'on pourrait y rechercher, à agencer des éléments déjà existants avec une telle maîtrise que le rendu est irrésistible. Mono-Amine est quelque part entre les deux.

On appelle ça l'innovation.

Sous ce nom se cache un producer néerlandais, connu officiellement sous le nom de Joost Gransjean, et membre actif d'une association d'organisation d'évenements indus/hardcore nommée Darkforce, grâce à laquelle on peut notamment voir Mono-Amine en première partie d'artistes comme Asche et Synapscape (les 9 et 10 avril 2012 en Russie). Si je glisse encore quelques allusions à des groupes comme Sonar ou Winterkälte (il fait lui-même référence à ce dernier dans une interview), l'indus-fan indécrottable autant que le lecteur assidu de cette webpage devineront aisément que le monsieur officie dans l'industriel, ou pour être plus précis le power-noise de derrière les fagots.

C'est en effet dans ce style que Mono-Amine nous a délivré quelques assauts sonores sous forme d'EPs 12'', seul ou en collaboration, ainsi que trois full-length, les très bons "Industrial Thought Patterns" en 2008 et "Like a Machine" en 2009, tous deux sur Vendetta Music, puis le tout simplement fabuleux "Do Not Bend" en 2010 sur le fameux label allemand Ant-Zen (à qui l'on doit aussi la discographie de Synapscape et une partie de celle de Lingouf, pour ne citer que ceux auxquels j'ai déjà dédié une de ces pages).
 Une petite idée avec "Danderzei" ("Like a Machine", 2009), un titre qui fleure bon le hardcore à tendance néo-indus.

Un style où tout a été fait, refait, revu ? Probablement, auquel cas il serait logique et tristement prévisible que Mono-Amine n'apporte rien de nouveau à ce genre. Sauf qu'il ne faudrait pas aller trop vite en besogne, et penser que Joost ne fait rien de neuf sous prétexte qu'à première ouïe, on a l'impression d'entendre du déjà fait. En pratique, si la musique de Mono-Amine a un rendu power-noise très prononcé ("Esoteric Freak" sur "Industrial Thought Patterns", "Slowburner", sur "Do Not Bend"), on pourra rapidement y découvrir une grande richesse de sons et d'ambiances, empruntant autant à l'industriel tendance harsh-noise (la pseudo-Lithienne "Fuck Conformity" sur "Industrial Thought Patterns", la très longue "Like a Machine" sur l'album du même nom, "Combustion" sur "Do Not Bend") qu'au hardcore ("We Call It Democracy" sur "Industrial Thought Patterns", "Extremist Part II" sur "Like a Machine", le début de "Synaesthesia" sur "Do Not Bend", qui rappelle les débuts frigorifiés de Micropoint), à la hard-techno ("Economics Maintain This Situation" sur "Like a Machine"), en passant par des incursions en territoire ambient (l'intro de "One of my Faces" sur "Industrial Thought Patterns", "Danderzei" sur "Like a Machine"), metal (les guitares de "It Runs Through My Veins" sur "Like a Machine") ou breakbeat ("Rythem" sur "Like a Machine").


Ce qui en ressort est une musique qui ne se contente pas d'être entraînante, révoltée et un peu sale, mais qui parvient également à ne jamais être ennuyeuse ; mouvante et évolutive, fusionnant un grand nombre d'influences pour recréer à sa façon un style que l'on croirait convenu, elle parvient un petit exploit, celui de renouveler l'excitation que le powernoise peut nous faire ressentir, objectif que même un This Morn' Omina n'atteint pas toujours et qu'un Sulphuric Saliva ne réalise qu'une fois par nouvel album, c'est-à-dire bien trop rarement (déjà sept ans depuis "No Opportunities in Standard Experiences", on commencerait presque à se demander si le projet reviendra un jour...).

Rythmiques en acier trempé ("Sloegha" sur "Do Not Bend") et ambiances néo-psychédéliques ("Layered Mindfuck" sur "Industrial Thought Patterns"), hymnes post-dancefloor ("Economics Maintain This Situation" et "If I Started" sur "Like a Machine") et agressions sonores (...presque toutes, au final, mais à différents degrés), la variété de l'œuvre de ce producer nous fait en redemander.



"Do Not Bend" sur Bandcamp : http://ant-zen.bandcamp.com/album/do-not-bend


Site officiel (under construction) : http://www.mono-amine.com/

PS : si tu as cliqué sur le lien Youporn, laisse un commentaire d'insultes ci-dessous, merci.

1 commentaire:

Raph a dit…

Ouch ! ça pique !!

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