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vendredi 26 août 2011

Wormskull


"You are invited to witness a shattering adventure in total fright." Cette phrase, qui sert d'introduction à la chanson "Do It!", est un résumé parfait de l'intention qu'annonce Wormskull avec son premier album "Sound of Hell". Là où d'autres aimeraient nous coller la trique, nous faire bouger la tête dans tous les sens, ou juste, sans prétention, nous faire passer un simple bon moment, le trio/quatuor veut nous faire chier dans nos frocs. Pour cela, ils ont décidé de tirer le mélange metal industriel/électro vers ses extrêmes, pour créer ce qu'ils appellent de l'anarcho-rasta-crunk-punkstep (j'ai moi-même rajouté les traits d'union pour votre commodité de lecture, vous devriez me remercier).

Sont-y pas mignons ?

Il semblerait qu'il y ait une certaine prétention là-dedans, mais c'est sans doute une prétention qu'ils peuvent se permettre. Quand je dis "ils", il s'agit de, attention les yeux : Bong-Ra, excellentissime DJ d'une sorte de ragga/breakcore dont la liste d'influences est longue comme mon bras (et encore, en écrivant petit) ; Mike Redman et Eni-Less de Deformer, grand bidouillage jungle/break/hardcore qui collabore déjà avec Bong-Ra depuis huit ans ; et l'incroyable batteur Balazs Pandi, originellement punk et grindcore, qui a collaboré depuis avec Flying Lotus (dont j'ai déjà parlé à l'occasion du Dour Festival), End.User, Venetian Snares, autant dire la crème de l'électro déstructuré et non-standard. Ces messieurs sont inspirés et ont de l'énergie à revendre ; en ont-ils fait quelque chose d'au moins aussi excitant que leurs productions passées ?

[SPOILER] La réponse est "oui". Définitivement. ("Corpsefucker", sans aucun doute le hit single de l'été.)

Un des secrets de Wormskull, c'est qu'il ose tout : des chants allant du ragga au hip-hop en passant par plusieurs autres genres ("Stereokillah" est un hommage à Soulfly ?) ; des sons de guitares résolument metal ("Do It!") à la saleté tirant parfois vers le sludge ("Deformer Style" dont l'intro est un mélange intéressant de piano lugubre et de Flying-V pleine d'huile à moteur) ; de la batterie parfois très rapide ; des emprunts à la drum'n'bass marqués (les parties de batterie breakbeat de "Do It!") ; des sonorités électro voire dubstep plus ou moins poussées mais toujours intégrées dans une musique plus proche du metal industriel ("Ori Ede")... Et c'est justement la grande force de "Sound of Hell" : on ne s'ennuie jamais. Le répertoire est incroyablement varié, jamais statique, très travaillé, très inspiré, et malgré tout cet opus a une sorte d'intégrité, une unité d'ambiances et de rendus, qui pousse au plus grand respect voire, comme c'est mon cas, à l'admiration sans faille. Là où, trop souvent, un style commence à représenter une contrainte aux alentours de la piste 4, Wormskull sait exploiter différentes facettes de sa propre personnalité.

Une version retravaillée de "Ori Ede" postée par monsieur Bong-Ra lui-même.

Pour entendre un véritable "son de l'Enfer", on ira plutôt fouiller dans des genres plus étouffants à force de répétition et de saturation -- je pense qu'en Enfer, ce sont Merzbow et SunnO))) qui passent à longueur d'éternité, à moins qu'Amduscias n'ait opté pour la solution de facilité : faire tourner en boucle la chanson "I Love You" de Barney le dinosaure. En attendant, ce "Sound of Hell" est un des meilleurs albums que l'on peut qualifier de metal-indus, justement parce qu'il va bien plus loin que ça ; et même s'il ne provoque pas les fuites urinaires subséquentes à une véritable terreur, il explore un univers sombre et néanmoins incroyablement plaisant, et confirme que la tête pensante "d'un certain label" est un homme de goût. Ah, oui, je ne vous ai pas dit sur quel label est sorti cet album ?

TMTC.






Site officiel : http://wormskull.net/

L'album en écoute intégrale (bonus track exclue, bien sûr) sur Bandcamp :

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