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dimanche 1 mai 2011

Live review : Stupeflip + Bonaparte (29/04/11, Le 106, Rouen)

Crédit photo : Thomas Desmier (mille mercis !), Angers, 1er avril 2011

Stupeflip en live. Rien que ça. Depuis des années, on attendait tous que ça arrive. On croyait que le Stup était éteint ; il nous a envoyé "The Hypnoflip Invasion", et il a prévu une tournée française. Ô joie ! Le Crou est heureux : une de ses plus belles excroissances revient lui chier dans le crâne !

Nous arrivons au Hangar 106 vers 21 heures, un peu tard d'ailleurs puisque les portes ont ouvert il y a une heure. Le Crou est plus qu'hétéroclite : je reconnais des actifs de la scène metal, et des rastas que j'ai croisé en buvant des bières au parc de l'Hôtel de Ville, mais je découvre aussi un quadragénaire "banal" et son fils d'une dizaine d'années, un mec déguisé en dinosaure vert et violet, et j'en passe. Disparate mais unifié par une même façon de disséquer la vie... Comme je l'imaginais.

Le groupe qui assure la première partie, une formation rouennaise nommée We Are Crystal Palace, est en train de chauffer la salle. Non : d'essayer de chauffer la salle, plutôt. Leur style rock métissé je-sais-pas-quoi ne m'accroche pas particulièrement, et je ne suis pas le seul à rester de marbre devant un set qui a l'air relativement classique : cinq personnes dont une fille sur scène, en train de jouer du rock duquel il ne ressort pas grand-chose d'original. Le bar nous accueille : 6 euros la pinte de 1664, je trouve ça plutôt raisonnable pour une salle de concert (j'ai encore des souvenirs douloureux de quelques salles parisiennes, à commencer par le Trabendo).

En concert en novembre dernier.

Curieux, encouragé encore quelques jours avant par un ami qui scandait "Bonaparte en live c'est le délire, tu vas surlover" entre deux rails de coke (oui, il travaille dans le management musical pour un gros label), je me rends devant la scène sans trop savoir à quoi m'attendre. La salle se plonge dans le noir, et une vidéoprojection annonce le "fabulous" Bonaparte, ses monstres bizarres et ses artistes fous. Emerveillés et hilares, nous voyons débarquer sur scène une bande de gens étranges, tous déguisés, et le show démarre, impossible à raconter fidèlement. Au lieu d'un "simple" concert, qui serait déjà appréciable vu la qualité de leur rock teinté d'électro, de ska et de vieux Rage Against The Machine, le groupe nous offre une sorte de spectacle de cirque dadaïste, où des humanoïdes à tête d'écran d'ordinateur dansent ensemble et se font des fellations, où des danseuses à moitié nues au crâne à moitié rasé se ligotent avec du chatterton, où une grande dame en robe à froufrous jette des viennoiseries aux spectateurs tout en disciplinant un bébé géant affamé, où un travesti amateur se fait encourager par le public pendant un strip-tease sale et ravageur, où un homme à tête de cheval se fait enfoncer un micro dans la gorge... Même le listing le plus détaillé des évènements de la soirée ne pourrait pas vraiment vous donner une idée de l'ambiance extatique qui régnait durant cette heure de show surréaliste, grande célébration du son qui met les corps en transe et du n'importe quoi érigé en dieu. Plus qu'une surprise, une révélation, une épiphanie ! Bonaparte est un groupe qu'il ne faut surtout pas rater en spectacle. A la première occasion, allez les voir. Tout simplement.

Pour vous donner une petite idée de leur show. Une minuscule idée.

Après un tel spectacle burlesque, on ne sait à quoi s'attendre pour Stupeflip. Il paraîtrait qu'en concert, le Stup est "tout bon ou tout mauvais", mais je me méfie des ouï-dire. Les lumières s'éteignent, et Stupeflip commence une heure et quart de concert qui passe beaucoup trop vite. Trois quarts des morceaux interprétés ont vu leurs instrus totalement refaites, pour le meilleur et pour le pire ; mais quand je dis "le pire", je ne pense qu'à une seule chanson, "Je Fume Pu d'Shit", chanson centrale du set de trois morceaux de Pop-Hip ressuscité, et qui, dans sa nouvelle version, est encore cent fois plus insupportable que sur sa version album (ça a quelque chose d'étrangement jouissif, en passant, de sauter sur une chanson aussi horrible tout en insultant copieusement Pop-Hip). Le reste ne fait partie que du meilleur : chaque morceau prend une nouvelle dimension dans sa forme live, de l'encore plus intimiste "Le Spleen des Petits" à l'encore plus ravageuse "A Bas la Hiérarchie", en passant par "La Religion du Stup", encore plus sombre, ou "Mon Style en Crrr", encore plus sale.

"Stupeflip Vite !" au 106. Yeah !

D'ailleurs, le groupe ose taper large, en fouillant dans une grande partie de son répertoire au lieu de n'envoyer que "les chansons qui tabassent" -- j'ai entendu un jeune couple qui le regrettait ; pour ma part, j'ai justement encore plus apprécié... On redécouvre le répertoire du Stup en live, réinterprété, et on reste cois devant la hargne de Cadillaq, aussi ravageur sur scène que sur album, et la présence de King Ju. Entre deux chansons, on voit quelques grandes têtes projetées qui commentent les évènements (dont la résurrection de Pop-Hip, puis sa nouvelle mise à mort), mais il y a aussi les quelques passages qui sortent du lot : le break "table de camping et bières", l'arrivée sur scène du Stup Luminou (qui est en fait une sorte de lampe verte phallique et non un ourson en peluche), l'intervention de King Ju et son blackboard concernant les liens entre Stupeflip et le Crou (comme pour nous rappeler, au cas où Stupeflip viendrait à disparaître, que nous sommes le Crou, et que c'est pour ça que le Crou ne mourra littéralement jamais), et son petit aparté aux gens du fond ("si vous aimez pas trop Stupeflip, cassez-vous").

"Stupeflip" à Nantes le 31 mars dernier. C'est encore une nouvelle nouvelle version à laquelle on a eu droit au 106.

Une heure et quart du Stup, donc, qui passe beaucoup trop vite. Le set est au poil, oscillant entre une énergie dévastatrice et un côté plus rigolard et/ou intimiste, et les membres du Stup se livrent avec plaisir a cette expérience. On regrettera un peu la fin très abrupte du set (tout le monde se barre a la fin de "A Bas le Hiérarchie", et voilà, fini, pas même un dernier tour de piste), et puis on se rendra compte qu'il a quand même été long, et qu'on a les jambes en compote et la gorge sèche. Alors on ira se désaltérer au bar, on écoutera les quelques rageux qui n'ont pas été satisfaits du concert en se retenant de leur rire à la gueule et/ou de les envoyer chier, et puis, bon, au final on comprend. Stupeflip fait ce qui lui plaît, haters gonna hate.

Entrée sur scène du Stup Luminou et réinterprétation de "Mon Style en Crrr", ici au Reperkusound de Lyon, mais fidèle à ce qu'on a eu à Rouen. Et encore, le son est un peu étouffé : le vrai "crrr" nous a défoncé les tympans.



Je posterai ici des liens vers des vidéos et des albums photo dès que j'en trouverai sur la toile. N'hésitez pas à m'en signaler si vous en trouvez...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous devriez changer de montre mon cher ami, début du concert 22 H 51, fin du concert 00 h 02. Une heure de "show" avec les pauses, ça fait au total 8 morceaux joués !
On a donc là bien la preuve que le Crou même s'il ne mourra jamais, mourra bien avec ses idées... C'est à dire, se foutre de la gueule du monde...
Après c'est sûr, on aime ou on aime pas.

Anonyme a dit…

8 morceaux? la blague!
yen avait bien plus:
intro
les monstres
style en crr
hater's killah
stupeflip
gaëlle
jfume pu d'shit
pop hip's revenge
Le spleen des petits
Cold world
Apocalypse
Stupeflip vite
à bas la hiérarchie
ouais il devait y avoir au moins 13 morceaux
Sans compter la table de camping + bières et autres tours de force!
En tout cas le concert moi je l'ai kiffé!

Thomas Desmier a dit…

Salut, je vois que tu utilises une de mes photos. Donc, comme je suis sympa, je te donne même le lien vers la série complète et en plus grand format, mais toujours à utiliser en citant son auteur et le lieu du concert
:-)
http://www.ipernity.com/doc/187565/album/230780

Thomas

Modern Zeuhl a dit…

Merci mille fois, mon cher Thomas, je modifie tout de suite l'article pour citer la source :)

Anonyme a dit…

Stupéfiant ...

J'irai les voire sans faut au festival du bord de ceze

tres bon article sinon. j'avais du mal a trouver des vidéo du crou en concert de qualité, merci bien .

Modern Zeuhl a dit…

J'ai eu du mal à en trouver, moi aussi ! Je les revois au Dour Festival, pour ma part (Stupeflip ET Bonaparte). J'ai hâte !

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