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mardi 3 janvier 2012

Album en or : Submerged "Before fire I was against other people"


La drum'n'bass a encore des choses à offrir et des dérouillées à envoyer en plein dans nos gueules. Oui, je sais, je spoile un peu sur la suite de la chronique, mais en même temps, vu que c'est un "album en or", vous vous doutiez bien que j'allais l'encenser, à moins que vous fassiez partie de cette sous-espèce humaine chez qui le quotient intellectuel ne frôle qu'occasionnellement le chiffre de la température anale, comme disait le poète cancéreux qui s'amusait à manger du crabe dans les grands restaurants pour le plaisir de pouvoir clamer "un partout".

Enfoiré de fils de pute.

Bref, de quoi voulais-je vous entretenir ? Ah oui, Submerged. Ce monsieur nous a envoyé en pleine face un album de compos poétiquement nommé "Before Fire I Was Against Other People", sorti fin mars 2011. L'introduction se fait presque en douceur, si je puis me permettre cette formulation un peu limite, avec "Space Arabs", dont l'ambiance ressemble pas mal au titre (des mélodies aux sonorités orientales sur une musique électronique mid-tempo), mais avec une certaine sombreur pleine de basses en guise de valeur ajoutée. "Nowhere to Hide", qui prend la suite, semble presque jouer dans la facilité avec son mélange beats électroniques/dub un peu trop entendu, dans le drum'n'bass comme dans la dubstep.

"Space Arabs", un décollage tout en douceur.

Le terrain est déblayé, mais les choses sérieuses commencent sur la troisième piste, "Transport", énorme track de drum'n'bass efficace, inspirée, au travail rythmique et mélodique indéniable, une petite tuerie qui parvient à poser une ambiance presque post-apocalyptique sans en faire des tonnes. Cette culture des ténèbres comme refuge sera mise à profit dans les tracks suivantes, à commencer par "No One" qui, à grands coups de caisse claire cradingue et de sons de basses gluants, transforme le plus anodin des riffs de guitare électrique en une machine à tuer nos nerfs, y rajoutant quelques cris, du breakbeat et des boucles de sons pour nous éprouver encore plus.

"Transport"... Première zone de turbulences.

Submerged ne veut pas nous épargner. Maintenant, on le sait. On ne pourra pas prétendre qu'on n'a pas été prévenu. Mais, alors que l'intro de "Death Sentence" -- ce genre de voix parlées, lentes et graves, que Wormskull nous a collées au début d'une track sur deux -- nous fait déjà craindre la déferlante sonore, elle ouvre en fait sur un mid-tempo poisseux et électrisant, qui nous fait sombrer encore plus dans cet univers post-apocalyptique presque angoissant qui s'était présenté dix minutes avant. Au milieu d'un album étiqueté "drum'n'bass", on est en fait plutôt dans l'indus ambient, quelque part entre le Sulphuric Saliva des débuts et la noirceur à la Camanecroszcope (froide et terrifiante coopération entre Ah-Cama Sotz et Iszoloscope). "Borderguard" en prolonge l'expérience en y ramenant des sonorités de la première track de l'album "Space Arabs", intégrant cette sorte de "parenthèse" dans une véritable continuité conceptuelle et artistique.

"Death Sentence". Il fait froid, dans le coin, non ?

Tels une fusion entre la noirceur péri-industrielle décrite ci-dessus et une violence drum'n'bass déchaînée, les titres suivants viennent déclencher cette acmé tant attendue, comme rompant la tension que les six premières tracks ont créé : "Rorschach", "Before Fire" et "Alive" donnent a posteriori tout son sens au début de l'album. Cru, tour à tour épileptique et crissant, tout en prenant le temps d'instaurer des ambiances terriblement sombres, ce trio de morceaux est un enchaînement de titres tout simplement parfaits. Alors que "Before Fire" nous offre ce qu'on pourrait presque qualifier de "repos" après l'éprouvante "Rorschach", "Alive" remet le couvert avec une joie sans limites : caisses claires qui claquent, basses pénétrantes et sons d'Outre-Espace sont combinés par un producer dont la démence est désormais indéniable, et cette folle noirceur a quelque chose de terriblement jouissif.


Et de bien "tiens-prends-ça-dans-ta-gueule", voir figure 1.

Figure 1 : tiens, prends ça dans ta gueule.

La dernière track, "Dead", et ses huit minutes quinze ne nous laisseront cependant pas le moindre ersatz de mauvaise impression : inspirée et variée, cette conclusion surréaliste développe encore un autre aspect du talent de Submerged, à savoir une façon de créer une ambiance un peu moins étouffante mais qui semble chargée d'une sorte de spleen poisseux -- et ce type qui hurle "You're dead !" n'aide pas à faire sentir une quelconque joie de vivre. On ressort de cet album éprouvé, heurté, surpris, et malgré tout avec une énorme envie de le retrouver au plus vite, preuve que "Before Fire I Was Against Other People" est une immense réussite, et sans aucun doute l'album de drum'n'bass le plus excitant de l'année 2011 -- et probablement un des seuls opus véritablement intéressants et nouveaux dans ce style déjà énormément exploité et qu'on retrouve plus souvent dilué que, comme ici, concentré.



Extraits de toutes les tracks sur Soundcloud :

1 commentaire:

Raph a dit…

c'est énorme

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