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mardi 28 février 2012

Live review : Papaye + Seal of Quality + John Makay + Lorendorf (25/02/2012, L'Oreille qui Traîne, Rouen)

Crédits photo : L'Oreille Qui Traine, sauf mention contraire.

Et dire que je n'ai pas encore parlé de l'Oreille qui Traîne en ces lieux. Incroyable. Une bande de bénévoles s'arrache l'oignon pour nous offrir des concerts de qualité, dans une ambiance conviviale, et à des prix défiant toute concurrence, et je n'en parle pas. Incroyable. Il faut dire aussi que j'ai raté un de leurs concerts du mois dernier, qui rassemblait The Birds End, Prön Flavürdik, Poisson Poney et Aussitôt Mort pour fêter la sortie du premier album des premiers, et que mes goûts musicaux m'attiraient beaucoup moins vers les autres concerts de la saison. Mais merde, quoi : il y a des initiatives qui méritent d'être mises en valeur.

 Y a même quelqu'un qui avait fait des super-bons flans aux légumes pour fêter ça.

L'Oreille qui Traîne, c'est une petite salle chaleureuse, au milieu d'une MJC quelconque dans un bâtiment eighties sans grand intérêt ; une enclave salvatrice. Les gens y sont souriants, les boissons pas chères (un euro cinquante la 1664, deux euros la Leffe, et servies dans leurs bouteilles en verre, s'il vous plait ! enfin un pied-de-nez à cette ère sécuritaire du tout-plastique), et c'est le genre de lieu où on peut poser ses affaires dans un coin et les retrouver telles quelles en fin de soirée. ...Bah merde, pourquoi je n'y vais pas plus souvent, en fait ?

Réponse partielle : je suis une larve. (Crédit photo : inconnu.)

Bien entendu, j'ai en premier lieu été attiré à l'Oreille ce soir-là par la présence de Seal of Quality, pour qui cette date était un échauffement avant une mini-tournée anglaise d'une semaine avec John Makay (Londres, Nottingham, Derby, Liverpool, Sheffield, High Wycombe, Brighton, sans respirer). Cependant, une oreille rapidement jetée sur les Bandcamp, Youtube et (erk) Myspace des autres groupes avait fini de m'allécher. Oreille très rapidement jetée, qui m'a permis de garder des surprises.

Le premier groupe de la soirée, Lorendorf, en a été une. Une putain d'enculé de surprise de fils de-- oups, désolé. Et je ne dis pas ça parce qu'il s'est avéré, et je l'ai appris la veille du concert, que le contrebassiste du groupe est une connaissance depuis un superbe concert de postcore à Paris. C'est surtout parce que ce trio (guitare électrique, contrebasse électrique, batterie) est redoutable. Leur post-math-jazzcore m'a véritablement ensorcelé, jonglant avec les sources d'inspiration sans même avoir l'air d'y penser, quelque part entre Neurosis et Ephel Duath, avec des poussées de jazz parfaitement intégrées à la tournure post-math du reste, ne jouant pas sur le décalage et les sautes d'humeur mais, au contraire, se servant de toutes les influences pour créer une atmosphère dense et prenante.

Deux tiers de trio.

Difficile pour moi de tarir d'éloges sur cette formation, malgré leur relative jeunesse. Dès la fin de leur set, je me rue sur le stand merch pour acquérir leur première démo trois titres "Antwort Von Geier", que je serais en train de réécouter à l'heure où j'écris ces quelques lignes si le nouvel EP de Floating Wood ne venait pas de sortir.


 Ce qui ne veut pas dire que je ne l'écouterai pas en boucle bientôt. (Merci au groupe de m'avoir fourni cette photo où on voit le guitariste !)

C'est en fin de compte le groupe suivant, un duo d'Amiens nommé John Makay, qui m'a le moins emballé. Pourtant, le concept est plus qu'intéressant : un batteur, et un guitariste fan de tapping -- qui pose de temps en temps quelques accords de synthé, mais jamais exagérément. La performance technique est plus qu'impressionnante, du côté du guitariste comme de celui du batteur, et ils parviennent à tenir la petite scène rien qu'à eux deux, sans en faire des tonnes -- la vitesse et la précision d'exécution de leur mathrock l'empêchant de toute façon -- mais seulement en étant dans leur musique.

 Et ils sont vraiment dedans, je vous assure.

Il n'y a que sur le plan musical que je n'ai pas totalement accroché, en fin de compte, n'y trouvant pas grand-chose qui fasse vibrer ma corde sensible... ce qui n'est pas vraiment un reproche. Beaucoup d'autres spectateurs y ont trouvé leur compte, qui suis-je pour juger ?

 Pis lui, putain, lui... Il assure.

Forcément, je me suis vite rapproché de la scène pour mon petit chouchou Seal Of Quality, qui a... pour qui... qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire, bordel ? ALLEZ LE VOIR, ET VOUS COMPRENDREZ.

Pendant les balances.

Sur scène, ce petit mec, tout seul devant une palanquée d'instruments et de machins électroniques dont l'utilisation conjointe devrait normalement faire appel à un groupe de quatre à six personnes, envoie une musique métissée 8-bit/mathrock rythmée et riche, teintée de parties de chant clair et/ou vocodé qui tombent toujours juste, et... Oh et puis merde, j'en ai marre des dithyrambes. Ce type est fabuleux, picétou. J'en ai marre de le répéter -- suivez ce que fait Seal Of Quality, il mérite d'aller très loin. Voilà. Point.

Sur scène.

Histoire de conclure la soirée en beauté, c'est le groupe Papaye qui investit la scène -- ils sont quand même trois, ce qui en fait le plus grand groupe de la soirée à égalité avec Lorendorf, sauf que Lorendorf n'a pas joué sur la scène mais au niveau du public. Le batteur de Papaye est aussi celui du fabuleux groupe Pneu, donc un type qui aime bien jouer dans des groupes géniaux avec des noms à la con qui se retiennent en une demi-seconde. Devant lui, deux guitaristes, venant l'un de Room 204, l'autre de Kommandant Cobra, et sensiblement aussi fous que lui.

 Ils ont l'air presque calme, sur cette photo.

Oui, fous à lier : sur scène, le trio bondit, se plie, transpire, galope et se marre, accompagnant de leur démence vaguement contrôlée et de leur joie communicative un math-rock terriblement inspiré et superbement construit, lorgnant au détour de quelques rythmiques endiablées sur de la "musique du monde" à la sauce noise. La musique seule aurait déjà largement suffi à nous convaincre, mais la prestation scénique joyeusement hystérique de Papaye en fait un groupe qui, sur scène, se révèle stupéfiant.

Bam, dans nos gueules.

Bref, autant on a l'impression de perdre son temps et son argent lors de certaines soirées, autant ce concert à l'Oreille qui Traîne m'aura donné l'impression inverse. La programmation, que l'on doit à l'excellente association We Are The Robots, n'a pas déçu, et le lieu choisi pour l'évènement était parfait pour une telle soirée. Vivement le prochain...



Groupes par ordre d'apparition :

- Lorendorf: 
http://www.lorendorf.com/
http://lorendorf.bandcamp.com/album/antwort-von-geier

 - John Makay : 
http://www.myspace.com/johnmakay

 - Seal Of Quality : 
http://www.seal-of-quality.net/
http://soundcloud.com/henry-vomit/sets/seal-of-quality

- Papaye : 
http://www.myspace.com/friendlypapaye

2 commentaires:

lorendorf a dit…

J'ai une photo du guitariste sur lorendorf.com
;)

Modern Zeuhl a dit…

Elle est ajoutée à l'article, merci beaucoup !

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