Floating Wood

Le postcore, je connais depuis pas mal de temps. J'ai déjà parlé ici d'Ira et de Neurosis dans le genre, je parlerai sans aucun doute d'Amenra et de Transmission0 dans les semaines à venir, et il restera encore des dizaines de groupes très talentueux. C'est un style pour lequel j'ai une immense affection, dans tous les sens du terme : cette façon de décrire la mélancolie avec des pointes de l'énergie crue et implacable du metal hardcore est une niche d'inspiration pour beaucoup de bons groupes. Je ne citerai pas de noms, mais même certains groupes de postcore dont la musique sur album ne présente pas grand intérêt livrent sur scène un condensé d'énergie glacée à couper le souffle.

Ma surprise n'a, en revanche, pas été feinte en tombant sur le terme "post-moshcore", apparemment inventé par le jeune groupe toulousain Floating Wood pour décrire leur musique, ou bien récupéré d'une liste des 101 règles du metalcore qui a beaucoup circulé sur le Net. (Ce genre de débilités rigolotes serait sans nul doute du goût de ces jeunes hommes, vu qu'ils ont quand même osé appeler une de leurs chansons "Khazak MILF", ça ne s'invente pas.)

Du post-moshcore... Oh my God. Alors, comme ça, il serait possible de faire une musique post-quelque chose, mais qui donne sévèrement envie de sauter dans le pit pour s'y frayer un chemin à coups d'épaule ? La dernière fois qu'on m'avait étonné comme ça, c'est quand on m'avait affirmé qu'on pouvait faire du metal hardcore sans guitare et sans basse, mais avec un piano, et ç'avait été une des plus grandes claques musicales de ma vie, alors pourquoi ne pas jeter un coup d'oeil, après tout ?

La démo, téléchargée gratuitement depuis le MySpace de ces messieurs, commence par une intro en tapping plutôt étonnante. Dire que je ne m'attendais pas à ce genre d'intro est un euphémisme. Pas désagréable, mais je n'ai pas sauté au plafond non plus. On entre dans le sujet en douceur, avec un joli thème dont la minute trente est savamment dosée -- une minute de plus aurait été une minute de trop.

Et puis les festivités commencent. Les quatre titres suivants, qui durent à eux quatre plus de vingt-cinq minutes, mettent le doigt où il faut. L'avant-dernière de l'album, "The Quest", est un bel exemple de ce dont le groupe est capable : après une petite introduction plutôt postrock, le titre tape fort et dur, avec une ambiance lourde et grave, qui semble saluer d'autres groupes de la veine postcore sans pour autant plonger dans la parodie, puis rebondit sur quelque chose de plus calme, avant de s'éteindre sur un moshcore de derrière les fagots qui donne l'irrépressible envie de headbanger à s'en briser les cervicales (avec un "Why should I die ?" râpeux et âcre, hurlé à s'en rompre les cordes vocales dans une veine hardcore "à l'ancienne").

Et encore, là, je n'en décris qu'une, mais le reste de la démo a la même force : celle de passer d'une idée à une autre le plus naturellement du monde, sans saut, sans dérapage, et de nous balader entre énergie et douceur, entre rage et sobre mélancolie, tout en déployant une gamme d'ambiances et de savoir-faire étonnante. Bien sûr, en tendant l'oreille, on reconnaît encore des influences, et peut-être en invente-t'on aussi quelques-unes (un riff à la Nostromo sur "Their Faces", une ambiance à la Amenra sur "The Quest", un chant clair/hurlé qui rappelle Gojira sur "Khazak MILF" ...), mais on est surtout étonné de trouver un tel contrôle de la puissance, et un tel équilibre entre diversité de la composition et identité propre, dans une première démo. Z'iront loin, ces petits.

MySpace officiel : http://www.myspace.com/floatingmetal


EDIT (16/06/11)
La démo en téléchargement : http://www.megaupload.com/?d=1F2WYDJF (mise avec l'accord du groupe -- qui nous prépare de nouvelles tracks apparemment bien différentes de celles-ci)