Oui, je vais encore faire de la publicité au label Ad Noiseam. Je n'y peux rien : cette saloperie de label indépendant allemand regroupe une grande partie de ce qui se fait de meilleur en électronique expérimental. Igorrr et Broken Note, deux de mes grands chouchous, ont naturellement rejoint l'écurie Ad Noiseam, qui compte également des Niveau Zéro (dubstep énervé), des Iszoloscope (indus rythmique d'excellente facture), et tellement d'autres, tous aussi talentueux les uns que les autres, et tous ayant une personnalité si marquée qu'il est presque impossible d'en tirer un échantillon un tant soit peu représentatif.
TMTC.
Emporté par la vague dubstep, le label a accueilli en son sein dans les dernières années bon nombre d'artistes officiant dans (ou s'acoquinant avec) ce style, mais sans jamais sombrer dans un quelconque mercantilisme de bas étage : exit les parodies de Skream et les énièmes resucées à relents housifiants pour zombies électro-freaks surfant idiotement sur la nouvelle vague (dont certains étaient peut-être tecktonik il y a quelques années, allez savoir). Ad Noiseam propose du bien fait, du neuf, de l'original, quitte à ce que ça ne soit pas vendeur ; Broken Note en est l'exemple parfait, trop grésillant et cru pour les masses décérébrées qui font là où on leur dit de faire.
Avec des ninjas et des soucoupes volantes en plus, vous arrivez à peu près au niveau de Broken Note et de Matta.
Les deux responsables de l'OVNI sonore Matta, qui a atterri dans les suburbs de Londres il y a une paire d'années, font partie des rares artistes à apporter une fraîcheur tant attendue dans un style dubstep qui, effet de mode oblige, tend à se transformer en l'ombre de lui-même.
Non, pas ce Matta-là, un autre.
Leur premier album "Prototype", qui rassemble en fait deux EP précédents en les soudant avec quelques tracks inédites, est une petite bombe. Cette hybridation et ce remodelage permanent des genres qui y règnent sont indubitablement le signe qu'une nouvelle ère de la dubstep s'ouvre : le style pur a été exploité et très vite asséché (bien que des artistes comme Excision continuent à y officier avec un grand talent), mais il offre une base sonore sur laquelle peuvent se bâtir des merveilles.
"Echo Babylon", mid-tempo acéré à la limite du planant.
De la techno, de la drum'n'bass, un fond de hip-hop, des mélodies discrètes et étranges (je soupçonne ces individus d'affectionner tout particulièrement Flying Lotus), et sans doute plein de choses que j'oublie : toutes ces influences viennent enrichir les compositions, leur donner cette variété qui nous donne à apprécier quelque chose de véritablement unique, un petit bijou rare au milieu d'un secteur de l'industrie musicale qui compte tant de copies de copies de copies.
Le clip de "Mass", qui introduit l'album. Attention, ça fout une sévère claque. (Visible en 720p sur Youtube.)
Tantôt envoûtantes voire orientalisantes ("Echo Babylon"), tantôt rentre-dedans, crues, acérées ("Release the Freq", "Solar Driftwood"), tantôt mid-tempo et profondes ("Inquisition Part III"), parfois à la limite de l'ambient ("Suicide Stutter", qui sent pas mal le Flying Lotus et/ou l'Autechre, mais sans tomber dans la parodie), les compos ont toutes leur charme unique, mais dans le même temps, "Prototype" ne flirte jamais avec l'incohérence. Matta a déjà son coup de patte, sa griffe, sa signature, qu'il appose sur chacune de ses tracks, qu'il décline à l'envi, avec un talent incroyable.
Clip officiel de "Release the Freq", un des meilleurs clips du monde, tout simplement. (Idem : allez le voir et l'entendre en HQ sur Youtube.)
J'en veux encore !
MySpace : http://www.myspace.com/mattamusicuk
Une très bonne chronique de cet album, sur le site "Chroniques Electroniques" : http://www.chroniqueselectroniques.net/article-matta-prototype-61184149.html
Vous en voulez plus ? Alleluyah, mes soeurs et mes frères : Ad Noiseam organise un concert spécial pour son dixième anniversaire ! Au programme : Matta, Igorrr (son interview ici), Niveau Zero et trois autres artistes du label, le 1er juin 2011 (veille de jour férié) au Batofar (Paris XIII°), de minuit à 6h du matin, 10 euros seulement. Viendez nombreux !
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