Suivez Modern Zeuhl

Modern Zeuhl est surtout sur Facebook.

lundi 12 décembre 2011

Album en mousse / album en or : KoRn, "The Path of Totality"



Apparemment, la moitié des gens qui ont écouté cet album le trouve très bon, et l'autre moitié le trouve à chier. Clairement, cet album innove, mais dans le même temps il n'a plus l'empreinte du KoRn des débuts, étant donné qu'on n'arrive même plus à y entendre la guitare basse, couverte par les bruitages dubstep, et que les riffs de guitare ont tendance à y être réduits à leur plus simple expression. Etant moi-même totalement indécis, j'ai décidé de me livrer à un grand exercice de malhonnêteté journalistique, en le chroniquant à la fois comme un album en mousse et comme un album en or, et en voyant en lequel des deux torchons je croirais finalement le plus. Thèse, antithèse, synthèse, mais en plus débile.





PRO-THÈSE : "The Path of Totality", album en mousse

Du haut d'une bonne vingtaine d'années d'existence, KoRn fait partie de ces "groupes que l'on ne présente plus", dénomination pompeuse qui permet à la fois au journaliste flemmard et malhonnête de s'épargner le travail de rédaction d'une courte biographie et de passer sous silence, en mettant en avant par cette ellipse vue et revue l'aspect "fondateur" et "culte" du groupe, le fait qu'il aura fait bien des écarts. En effet, "début de la fin", un nombre incroyable de fans se sont sentis trahis après que le groupe, faisant suite à trois albums dont la qualité a semblé aller décroissante, a sombré définitivement dans les mélopées commerciales avec le fadasse "Issues" en 1999, ouhlàlà ça nous rajeunit pas ma bonne dame.

*soupir* Qu'est-ce que c'est que ce... truc ?

Le "retour aux sources" partiel effectué ensuite par le groupe, et la fausse auto-dérision qu'il expose (notamment en faisant semblant de se contrefoutre de sa notoriété et de faire un grand bras d'honneur aux "fans de la deuxième heure" avec "Y'All Want A Single", sur le mitigé "Take a Look in the Mirror" en 2003), ne fera pas oublier aux vétérans des légions du KlAxOn De TaNk son amour du billet vert, né sans aucun doute en 1996 quand le deuxième skeud "Life is Peachy" décoiffe les hit-parades américains avec son "A.D.I.D.A.S" aux paroles consensuellement provocantes. ("Hey kid, écoute ça, c'est bippé sur MTV, achète le disque et tu entendras le "let's fuck" comme si Jon Davis était en train de te cracher dans l'oreille !").


Maintenant, pour ne pas se faire oublier, KoRn s'acoquine périodiquement avec "les gens qui en jettent". Malheureusement, les tables ont tourné : à la place d'Xzibit et Snoop Dogg (deux des quatre rappeurs qui apparaissent à la place des quatre membres du groupe dans le clip de "Twisted Transistor" en 2005) sur le podium des "musiciens" encensés par la jeunesse 2.0 se trouvent désormais des gens comme Skrillex, ce jeune post-émo ridiculement imbu de sa personne par qui passerait soi-disant le renouveau de l'électro. La bonne nouvelle, c'est que KoRn a aussi fait appel à d'autres "personnalités" de la dubstep, à savoir les redoutables Excision, Datsik, Downlink, 12th PlanetKill The Noise, Feed Me et Noisia.

Parlons-en, tiens, des collaborations avec Noisia... SNOOOOORE ! ("Kill Mercy Within".)

Le problème, c'est que la mayonnaise ne prend pas. Dans un énième élan de jeunisme feint, KoRn a encore voulu montrer qu'il en a dans la paillasse, qu'il n'est pas "le groupe que ton père écoutait en buvant de la vodka pendant les soirées de sa promo à la fac" mais un groupe actuel et qui en jette ; il racole donc parmi les amateurs de dubstep, profitant du fait que le milieu de la dubstep et celui du metal sont plus proches qu'ils n'y paraissent (il suffit d'écouter les constructions de morceaux d'un Broken Note ou d'un Niveau Zero pour s'en convaincre), mais à force de dilutions, KoRn s'éloigne toujours plus de son énergie des débuts.

La pitoyable déclaration du chanteur et meneur d'hommes Jonathan Davis selon laquelle le groupe "faisait de la dubstep avant que la dubstep n'existe" est à la fois fausse et ridicule. KoRn veut toujours se croire précurseur, mais la façon qu'il a de se renouveler tombe à plat, parce qu'il interprète toujours la même chanson, parce qu'il construit toujours ses titres de la même façon, parce que les parties de chant sont toujours aussi ennuyeuses, parce que sa rage des débuts ne reviendra jamais.



FOU-THÈSE : "The Path of Totality", album en or

Du haut d'une bonne vingtaine d'années d'existence, KoRn fait partie de ces "groupes que l'on ne présente plus", dénomination pompeuse qui permet à la fois au journaliste flemmard et malhonnête de s'épargner le travail de rédaction d'une courte biographie et de passer sous silence, en mettant en avant par cette ellipse vue et revue l'aspect "fondateur" et "culte" du groupe, le fait qu'il lui aura beaucoup été reproché d'être "mort trop tôt", et ce dès son quatrième album "Issues" en 1999 (voire même avant selon les sources, puisque certains fans jusqu'au-boutistes affirment que "le vrai KoRn" était déjà mort quand "Got the Life" est venu nous secouer les oreilles l'année précédente).

Pas forcément "mort", mais... en pause, peut-être ?

KoRn, groupe "vendu" ? Ne sombrons pas trop vite dans ce genre de conclusions. Dans un sens, le groupe a toujours su suivre les mouvements de l'époque, mais peut-être est-ce parce qu'il se reconnaissait dedans, tout simplement. En 1998, Fred Durst (chanteur de Limp Bizkit), Ice Cube (encore un "qu'on ne présente plus"), Cheech Marin (la moitié du duo comique Cheech & Chong) et Tre Hardson (du groupe de hip-hop/alternatif The Pharcyde) sont invités sur quatre chansons distinctes du troisième album du groupe, "Follow the Leader". Sur cet album, cinq des quatorze chansons sortiront comme single, dont deux "seulement" des quatre chansons "with guests".

Dont celle avec le guest le plus énervant et trou-du-cul-pompeux, of course.

Et n'oublions pas que, lors des diverses éditions du "Family Values", KoRn invite des artistes comme, dans le désordre le plus total, Method Man et Redman, Rammstein, Dir En Grey, Lamb of God ou encore The Crystal Method (oh tiens, déjà du breakbeat... la dubstep n'est pas loin). Sans même parler de la continuité dans la recherche mélodique... Et si le groupe se contentait de faire ce qui lui plait, en fin de compte ?

Et il y arrive bien, à en croire les ambiances de ce morceau. ("My Wall", avec Excision et Downlink.)

De toute façon, juger un album à l'aune de ce que l'on pense du groupe ne peut qu'être une mauvaise idée. Un peu d'objectivité permettra de mieux découvrir cet album, qui est une petite pépite d'inventivité. Le mariage des styles fonctionne extrêmement bien, grâce à une production léchée entre autres, mais également grâce à une inspiration très riche, mêlant richesse mélodique et puissance rentre-dedans comme KoRn savait déjà le faire il y a des années, mais en y intégrant un élément nouveau qui apporte une fraîcheur incontestable.

Prendre son public par surprise a toujours été une grande spécialité du groupe. En 2011, plus de vingt ans après sa création, il montre qu'il en est toujours capable, qu'il est toujours ouvert d'esprit et friand d'évolution et d'expérimentations musicales. "Pour le meilleur et le pire", disent les mauvaises langues à chaque sortie d'album, mais force est de reconnaître que c'est très souvent pour le meilleur.



CORTO MAL-THÈSE : "Et en vrai, tu en penses quoi ?"

Du haut d'une bonne vingtaine d'années d'existence, KoRn fait partie de ces "groupes que l'on ne présente plus", dénomination pompeuse qui permet à la fois au journaliste flemmard et malhonnête de s'épargner le travail de rédaction d'une courte biographie et de passer sous silence, en mettant en avant par cette ellipse vue et revue l'aspect "fondateur" et "culte" du groupe, la façon qu'il a de ravir une partie du public et de totalement débecter l'autre partie. Ce dernier album, "The Path of Totality", ne fera pas exception à cette règle.

Sur certains albums, les opinions ont été moins mitigées, mais bon. Laissons-leur une chance.

A vrai dire, je suis très mitigé sur cet album. Clairement, le mélange metal/dubstep est une bonne idée, qui semble presque logique après tous les précédents projets de fusion metal/électro (The Kovenant par exemple), metal/breakbeat (l'ultra-bourrin Drumcorps), metal/tout-et-n'importe-quoi (depuis l'excellent The Algorithm, jusqu'à Attack Attack! ou Design the Skyline... erk). D'ailleurs, le concept a également été adopté par un jeune groupe américain nommé Here We Divide, plutôt influencé par le metalcore moderne à la Asking Alexandria... à vous d'en juger. Un simple "meh" sera mon opinion pour l'instant, mais j'y retournerai lorsque le projet aura mûri.

Quand même un peu lopette-metalcore à mon goût... Pourquoi a-t-on le choix seulement entre ça et le chant néo-pop de KoRn ?

Certaines chansons de l'album sont des hymnes surpuissants, à commencer par "Get Up!", qui nous avait mis l'eau à la bouche des mois avant la sortie de "The Path of Totality", ainsi que "My Wall", aux ambiances prenantes et au son dense (enrichi par les immenses Excision et Downlink), qui trouve un superbe équilibre entre les différents aspects du groupe vingtenaire ; "Narcissistic Cannibal", où l'on découvre encore une fois que Skrillex, très décevant tout seul, complète extrêmement bien KoRn.  L'efficacité et la puissance du groupe se retrouvent également dans des tracks mouvantes et agréablement mid-tempo comme "Illuminati", la très mansonienne "Sanctuary", ainsi que la post-furieuse "Way Too Far" qui nous balade allègrement entre mélodies aériennes et basses impitoyables.

Ne lisez pas trop les paroles, très basiques -- les paroles de KoRn sont rarement excellentes -- mais appréciez le ramonage auriculaire de ce titre avec Skrillex, "Get Up!".

D'autres morceaux, entraînants et bien construits, peuvent par contre lasser par leurs parties de chant finalement très convenues ("Chaos Lives In Everything", "Let's Go") ou par leur construction très basique ("Burn The Obedient" ou "Bleeding Out" par exemple, mais, au final, la construction de tous les morceaux se ressemble), et d'autres encore sont surprenants à première écoute, mais ont ce côté pop sucrée exagérée que j'aime finalement assez peu chez KoRn ("Kill Mercy Within" en particulier).

Au final, que dire de cet album ? Son concept de départ est excellent, et il y a clairement du savoir-faire mis en œuvre, du côté du groupe comme de celui des producers qui y ont collaboré. En revanche, en tant qu'objet "expérimental" d'une part, et en tant que "encore un album de KoRn" d'autre part, cette galette à double tranchant a quelques défauts. Le côté mélodique-premium-plus de certains titres (ceux en collaboration avec les Noisia, notamment) m'irrite autant que m'excite le bruitisme rentre-dedans de certains autres (à commencer par ceux avec Downlink ou Skrillex, et ça me fait vraiment tout drôle d'avouer en public que Skrillex a produit quelque chose qui me plaît vraiment).

En temps normal, je serais plutôt du genre à hurler "AHMONDIEEEEUUUUUTUEZCETRUC !"

"The Path of Totality" est un album qui s'écoute bien, qui fait des petites vibrations là où qu'c'est que c'est bon, mais qui est terriblement mal représenté par son premier single "Get Up!", une bombe absolue à côté de laquelle la galette ne tient pas exactement la route. Certains y trouveront clairement leur compte, beaucoup plus du côté des fans du groupe que des amateurs de dubstep, qui critiqueront la "propreté" du son, les mélodies de chant, enfin, tous les "trucs de pédé qui ont été rajoutés par-dessus les wobbles", et qui, de toute façon, ont souvent arrêté d'écouter KoRn juste après le premier album, comme par hasard. Pour ma part, d'ici quelques écoutes, j'en aurai sans doute jeté la moitié, mais je continuerai à écouter ce que j'en aurai gardé avec un plaisir, limité certes, mais coupable.



Site officiel : http://www.korn.com/

3 commentaires:

Agibi a dit…

Ayant toujours eu un avis mitigé sur Korn depuis Issues que j'aimais bien quand même, j'ai écouté et j'ai été agréablement surpris et comme toi le coté sur-mélodique du truc me gave parfois (j'ai pas écouté les 2-3 précédents disques je crois ou alors vite fait) alors que les passages dubstep avec guitares me plaisent bien, au final pas un album extraordinaire mais quelques bonnes collaborations intéressantes qui pourraient faire date je pense...Je signale que j'adore le dubstep véner et le gros breakcore et les fusion tordues et originales et que je classerais ce disque plus dans le dubstep mainstream quand même mais y'a des idées même si y'a beaucoup de marketing par dessus!

Pyro a dit…

marrant l'idée des liens à particules pour "album en mousse" et "album en or" ^^

Gabalgabow a dit…

Merci pour la mousse :-)

Enregistrer un commentaire